Pas de soldat français poursuivi après une enquête sur des accusations de viols en Centrafrique

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En avril 2015, le quotidien britannique The Guardian révélait l’existence d’une note confidentielle des Nations unies dans laquelle il était fait état d’accusations d’abus sexuels contre 14 soldats français envoyés en Centrafrique dans le cadre de l’opération Sangaris.

Le ministère français de la Défense, informé de cette affaire après avoir reçu un rapport Bureau Intégré de l’Organisation des Nations Unies en Centrafrique (BINUCA), en juillet 2014, avait saisi le parquet de Paris au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale et confié une enquête à la gendarmerie prévôtale dès le 1er août suivant.

Puis, en mai 2015, trois juges d’instruction furent saisis de cette affaire afin de mener une enquête « pour viols sur mineurs de moins de 15 ans par personne abusant de l’autorité conférée par leurs fonctions et complicité de ces viols. »

Après avoir interrogé 6 militaires ayant été affectés en Centrafrique entre décembre 2013 et juin 2014 et s’être rendus à Bangui en juillet 2015 et à l’été 2016 afin d’y recueillir les témoignages d’enfants se disant victimes, les juges n’ont pas pu confirmer ces allégations d’abus sexuels.

Selon une source proche de l’enquête citée par l’AFP, les témoignages recueillis sur place ont changé et certains qui se disaient alors témoins des faits se déclarèrent ensuite comme victimes.

Du coup, la fin de cette enquête a été notifiée le 20 décembre 2016 et aucun soldat n’a été mis en examen. Et cette affaire s’achemine donc vers un non-lieu. À moins que de nouveaux actes d’enquête soient demandés dans un délai de 3 mois. Ce que n’exclut pas l’association ECPAT (End child prostitution, pornography and trafficking), selon son avocat, Me Emmanuel Daoud.

Il s’agit de la seconde enquête portant sur des abus sexuels prétendument commis par des soldats français qui se termine sans mise en examen. Le 20 novembre, une autre affaire, concernant cette fois le cas d’une jeune fille qui affirmait avoir été violée par un militaire de Sangaris a été classée sans suite.

Une troisième enquête, toujours menée par le parquet de Paris et concernant encore des soldats français, est encore en cours. Elle porte sur des soupçons d’abus sexuels particulièrement sordides commis sur trois mineures à Dékoa. Il y est en effet question d’une vidéo et de relations sexuelles forcées avec un chien.

« Nous avons mené une enquête interne fin 2014-début 2015 sur cette affaire du chien et l’on a découvert qu’il s’agissait d’une vidéo zoophile qui se transmettait de portable à portable, dans laquelle il n’y a aucun militaire français et qui n’a pas été tournée en Centrafrique », avait expliqué, au moment de la révélation de cette nouvelle affaire, un membre de l’entourage de Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense.

Un rapport des Nations unies, diffusé à l’automne 2016, avait nuancé les accusations d’abus sexuels portées contre les forces internationales déployées en Centrafrique. Selon le document, « 50 % des cas ne sont pas étayés par des preuves et seuls 20 % présentent des preuves incontestables ». Et « les 30 % restant présentent des éléments de preuve ne pouvant être corroborés. »

En outre, les enquêteurs constatèrent que de nombreux témoignages étaient « quasiment identiques », suggérant ainsi que les victimes présumés avaient « mémorisé un script. » Qui plus est, le rapport évoquait aussi les activités d’une ONG locale qui, travaillant pour l’UNICEF, avait mis en place une « incitation financière à des individus pour que ces derniers se présentent comme des victimes ».

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