Des militaires français accusés d’avoir commis des abus sexuels sur des enfants en Centrafrique

L’ONU a confirmé, ce 29 avril, des informations publiées par le quotidien britannique The Guardian selon lesquelles une enquête a été menée après que des allégations d’exploitation sexuelle et d’abus d’enfants prétendument commis en Centrafrique par des militaires français ont été rapportés au printemps 2014.

Les résultats de cette enquête, menée par le Bureau des droits de l’homme des Nations unies à Bangui, ont ensuite été transmis aux autorités françaises le 29 juillet 2014 par Anders Kompass, un employé suédois du Haut commissariat aux droits de l’homme de l’ONU. Et cela, au mépris des procédures, ce qui lui a valu d’être « placé en congé administratif avec plein salaire, en attendant les conclusions d’une enquête interne sur ce grave manquement aux procédures en vigueur ».

« Notre conclusion préliminaire est qu’une telle conduite ne peut pas être considérée comme celle d’un lanceur d’alerte », a fait valoir Farhan Haq, le porte-parole adjoint des Nations unies, qui a expliqué que le rapport en question n’avait pas été expurgé des noms des victimes, des témoins et des enquêteurs, ce qui a valu à M. Kompass

De son côté, par voie de communiqué, le ministère français de la Défense a précisé que  les témoignages d’enfants centrafricains mettant en cause des militaires de l’opération Sangaris ont été recueillis par un agent du Bureau Intégré de l’Organisation des Nations Unies en Centrafrique (BINUCA), assisté par de personnels de l’UNICEF, avant d’être « consignés dans un rapport de la MINUSCA » (Mission des Nations unies en Centrafrique).

Ce dernier retrace des « faits qui auraient été commis sur une dizaine d’enfants, sur le site de l’aéroport de M’Poko, en Centrafrique, entre décembre 2013 et juin 2014 », peut-on lire dans le communiqué. Selon l’article du Guardian, les victimes auraient été abusées en échange de nourriture et d’argent par « des soldats français » dans un centre pour déplacés.

Cela étant, en juillet 2014, dès la réception du rapport du BINUCA, le ministre de la Défense, a saisi le parquet de Paris au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale afin qu’une enquête préliminaire soit ouverte. Cette dernière, confiée au commandement de la gendarmerie prévôtale, a commencé dès le 1er août 2014, avec l’envoi de gendarmes en Centrafrique.

« Au vu du caractère circonstancié des témoignages et de l’extrême gravité des faits allégués, le ministre de la Défense a alors réagi en prenant toutes les mesures nécessaires pour que les faits et les éventuelles responsabilités pénales et disciplinaires puissent être établis au plus vite. Une enquête de commandement a été immédiatement conduite. Elle sera transmise au Parquet dès lors qu’il en fera la demande », a encore indiqué le ministère de la Défense.

« Le ministre de la Défense a pris et prendra toutes les mesures nécessaires pour permettre la manifestation de la vérité. Si les faits étaient avérés, il veillera à ce que les sanctions les plus fermes soient prononcées à l’égard des responsables de ce qui serait une atteinte intolérable aux valeurs du soldat », a-t-il conclu.

Pour rappel, chronologiquement, à Bangui, le Groupement tactique interarmes (GTIA) Amarante, armé par le 8e RPIMa, a été relevé par le GTIA Savoie en février. Puis, ce dernier a été à son tour remplacé, en juin, par le GTIA Acier. Enfin, étant donné que les relèves ont lieu tous les 4 mois, il y a une incohérence s’il est établi que les faits se sont vraiment produits entre décembre 2013 et juin 2014. En outre, il n’y avait pas que des militaires français présents à M’Poko : il y avait également ceux de la MISCA (Mission internationale de soutien à la Centrafrique).

L’enquête en cours le dira. Aussi, avant de tirer la moindre conclusion définitive (culpabilité démontrée des militaires en cause, affabulations  ou opération de déstabilisation, Sangaris ayant gêné du monde en RCA), il vaut mieux attendre ses résultats. Telle sera la ligne de ce site.

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