Centrafrique : Malgré de nouvelles violences, l’opération Sangaris est officiellement terminée

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Près de trois après son lancement en Centrafrique, l’opération française Sangaris, prévue pour ne durer que quelques semaines, doit officiellement prendre fin ce 31 octobre, à l’occasion de la venue, à Bangui, de Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense.

Pour rappel, après avoir pris le pouvoir à Bangui quelques mois plus tôt, l’ex-coalition rebelle Séléka, à dominante musulman, avait multiplié les exactions contre la population, en particulier chrétienne. En réaction, des milices anti-balaka se formèrent qui, à leur tour, ciblèrent les civils musulmans. En outre, des groupes en lien avec l’ancien président François Bozizé rajoutèrent de l’huile sur le feu. Ce qui laissait craindre un possible génocide dans le pays. Ce l’opération Sangaris permit d’éviter, comme l’a rappelé M. Le Drian lors d’un débat au Parlement, le 19 octobre.

En effet, le ministre de la Défense fit valoir que l’opération Sangaris était un succès, grâce au « pragmatisme » et à « l’efficacité des hommes et des femmes qui se sont succédé sur ce théâtre difficile. »

« Non seulement nous avons évité des massacres de masse, mais nous avons permis un processus de réconciliation intercommunautaire ainsi que la reconstruction de l’État centrafricain, avec des élections présidentielles et législatives. Nous avons mis en place un outil de formation de la nouvelle armée centrafricaine, baptisé EUTM RCA. Enfin, nous avons permis le déploiement de la mission des Nations unies, pour garantir sur le moyen terme la sécurité de ce pays », avait expliqué M. Le Drian.

Cependant, la situation sécuritaire en Centrafrique demeure « précaire », comme l’a souligné un rapport remis le 29 septembre par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, au Conseil de sécurité. Et cela, y est-il ajouté, dans un « contexte de montée des tensions intercommunautaires et d’affrontements sporadiques entre les multiples groupes armés. »

« La violence entre les factions de l’ex-Séléka et entre les anti-balaka et l’ex-Séléka tient essentiellement à des luttes de pouvoir internes, à la concurrence pour les ressources naturelles, aux tentatives des uns et des autres pour étendre leurs zones d’influence, à la migration saisonnière des éleveurs et aux tensions intercommunautaires. Dans tout le pays, la criminalité, le banditisme et les graves violations des droits de l’homme par des groupes armés ont continué de représenter une menace pour les civils », peut-on encore lire dans le document.

Coïncidence ou pas, Bangui a connu de nouvelles violences quelques heures avant la fin officielle de l’opération Sangaris. En particulier dans les environs du quartier musulman PK5. Là, des règlements de compte entre des « groupes d’auto-défense » auraient fait au moins une quinzaine de tués, selon un bilan non encore confirmé.

En outre, quelques jours plus tôt, dans le centre du pays, des affrontements entre milices anti-balaka et ex-Séléka ont fait une quinzaine de tués à Mbriki et Belima. Et, le lendemain 6 gendarmes ont perdu la vie dans une embuscade tendue sur l’axe Bambara-Grimari. Le gouvernement centrafricain a réagi à ces violences en dénonçant un « plan machiavélique conçu par les ennemis de la paix. »

Les violences de ces derniers jours ne sont pas directement la conséquence de la fin de l’opération Sangaris, dans la mesure où les effectifs de cette dernière ont été ramenés à 350 hommes depuis plusieurs semaines. Toutefois, un responsable politique centrafricain a confié à l’AFP sa crainte de voir les groupes armés lancer une « offensive générale » une fois que M. Le Drian aura mis officiellement un terme à cette mission. Car, a-t-il expliqué, ces groupes armés « redoutent la force française, mais pas la force onusienne. »

Quoi qu’il en soit, Paris maintiendra une présence militaire en Centrafrique. Il est ainsi prévu le déploiement de drones tactiques Sperwer du 61e Régiment d’Artillerie en soutien de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation de la République centrafricaine (MINUSCA), qui reste désormais en première ligne. Et la France est aussi la nation-cadre de la mission européenne de formation des forces armées centrafricaines (EUTM RCA). En tout, 350 militaires français resteront à Bangui.

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