Le chef d’état-major de l’armée de l’Air préoccupé par le retard du programme ACCS de l’Otan

cdc-20161029

Pilier du système de défense aérienne et antimissile intégrée de l’Otan (NATINAMDS), l’ACCS (Air Control & Command System, ou Système de commandement et de contrôle aériens) vise à doter les Alliés d’un système unique qui intégrera notamment les fonctions de contrôle des missions aériennes et de la circulation aérienne, de gestion de l’espace aérien et des ressources de commandement et de contrôle (C2). Et cela, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la zone euro-atlantique. Pour cela, il s’appuiera sur une mutualisation de plusieurs systèmes dédiés nationaux.

« Ce nouveau système permettra de mieux partager l’information et les données relatives à la connaissance de la situation entre des stations décentralisées, favorisant ainsi la collaboration. Il partagera aussi les informations avec une multitude d’organismes externes (de circulation aérienne civile, par exemple) », explique l’Otan.

La France comptera trois centres ACCS. Outre ceux de Cinq Mars La Pile et de Lyon, et un troisième sera installé à Mont-de-Marsan, comme l’indique le projet de loi de finances 2017. Ils sont censés remplacer les 4 centres de détection et de contrôle (CDC) dotés du système STRIDA (système de traitement et de représentation des informations de défense aérienne) qui, relié aux systèmes de détection des pays voisins, permet de couvrir une surface d’environ 5 millions de km2.

Seulement, l’ACCS est un projet compliqué qui, comme tous ceux de cette nature, connaît quelques retards. Ce qui préoccupe le général André Lanata, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA).

« L’ACCS (…) constitue une de mes préoccupations majeures », a-t-il dit lors de son audition devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées. « Je juge ce système ni encore suffisamment mature, ni robuste pour satisfaire les exigences de la posture permanente de sûreté aérienne », a-t-il avancé.

Aussi, étant donné les « difficultés de mise au point », le général Lanata estime nécessaire de « prolonger le fonctionnement et le soutien du système STRIDA actuel jusqu’à l’horizon 2021 (au lieu de 2018) pour sécuriser la continuité de la protection de l’espace aérien national. » En outre, le retard pris par le programme ACCS « qui gêne considérablement la transformation de l’armée de l’air dans ce domaine », a-t-il ajouté.

« Les tests de fonctionnement d’ensemble fin novembre permettront de consolider le calendrier, notamment la reprise des opérations de vérification début 2017, déterminante pour la suite du programme. Je suis confiant, car l’industriel estime être en mesure de tenir cette échéance compte tenu des ressources qu’il a affectées sur cette affaire et de l’analyse des faits techniques restant à corriger », a encore expliqué le CEMAA, qui a par ailleurs signalé, au vu de ces difficultés, la « contrainte de maintenir une activité sur le site de Drachenbronn supérieure aux prévisions. »

Pour le général Lanata, le programme ACCS est « capital » car il permet « l’interopérabilité entre les pays alliés (…) en ce qui concerne le traitement des informations de défense aérienne » ainsi que le « commandement et le contrôle », c’est-à-dire la planification et la conduite des opérations aériennes.

« Chaque nation reste libre et responsable des actions à conduire sur son propre territoire pour compléter ce système de commandement avec des effecteurs (avions de chasse, systèmes sol-air) et des capteurs (moyens de détection radar par exemple) », a encore souligné le CEMAA.

En tout, le programme ACCS comprendra notamment 300 sites de surveillance aérienne connectés à plus de 40 types de radars différents, plus de 13 millions de lignes de codes logiciels intégrés et fournis et environ 550 systèmes externes répartis sur 800 emplacements avec 6 500 interfaces physiques. Il permettra de couvrir une surface allant de l’extrême nord de la Norvège jusqu’à l’extrême sud de la Turquie (soit 81 millions de km2).

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]