Mali : L’ancien bras droit du chef d’Ansar Dine tué par l’explosion de son véhicule à Kidal

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Outre les attaques commises régulièrement par les groupes jihadistes, le nord du Mali, en particulier la région de Kidal, est le théâtre de combats récurrents entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion) et le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA), deux organisations pourtant concernées par l’accord de paix signé à Alger en 2015.

Dans son dernier rapport sur la situation au Mali, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a d’ailleurs condamné « fermement » ces violations du cessez-le-feu et demandé au Conseil de sécurité d’envisager des sanctions contre les fauteurs de trouble qui, par leur attitude, retardent la mise en oeuvre de cet accord de paix.

Mais, visiblement, certains n’ont pas intérêt à ce que cet accord soit appliqué. En juin, l’entourage du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait fait part de « l’agacement » de Paris à l’égard du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), une formation membre de la CMA, qui compte dans ses rangs de nombreux transfuges d’Ansar Dine, le groupe jihadiste du responsable touareg Iyad Ag Ghali.

En outre, les relations entre la force française Barkhane et la rébellion touareg sont parfois tendues sur le terrain, comme cela a été le cas, en septembre, à Ber, un carrefour stratégique pour les trafiquants situé près de Tombouctou et contrôlé par la CMA, qui, à ce titre, y refuse toute présence des forces armées maliennes (FAMa).

« Le colonel [français] nous a dit que celui qui a un problème avec l’armée malienne a un problème avec l’armée française et que, s’il le faut, les Français utiliseront la force pour que les soldats maliens rentrent dans Ber. (…) . C’est la première fois que les Français nous menacent de la sorte. On ne se laissera pas faire », a témoigné, rapporte Jeune Afrique, Ousmane Ould Sidi, un officier de la CMA.

C’est dans ce contexte que, le 8 octobre, un chef militaire de premier plan du HCUA, Cheikh Ag Aoussa, a été tué dans l’explosion de son véhicule, après avoir assisté à une réunion au camp de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) à Kidal.

Selon une source africaine de la mission de l’ONU, le véhicule de Cheikh Ag Aoussa aurait « accidentellement » sauté sur une mine, à quelques centaines de mètres du camp qu’il venait de quitter. Mais cette explication est loin de convaincre le HCUA, qui a demandé une « enquête indépendante » parce que « parmi les thèses, il y a celle de l’attentat et de la voiture piégée. »

Pourtant, pour la mission des Nations unies, l’explosion d’une mine au passage du véhicule de numéro deux du HCUA est plausible. « Tout est possible. À Kidal, les incidents et les attaques qui ont été menés, notamment contre la MINUSMA, et même des autres forces internationales, avec l’usage d’engins explosifs improvisés, de mines, c’est quelque chose de régulier… », a confié, à RFI, Radhia Achouri, porte-parole de la MINUSMA.

Reste que Cheikh Ag Aoussa, un Touareg de la tribu des Ifoghas, passait pour être un « faucon » au sein du HCUA. En 2012, il n’était rien d’autre que le bras droit d’Iyad Ag Ghaly, qui est par ailleurs hostile à l’accord d’Alger. Mais selon un cadre du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, qui appartient aussi à la CMA), c’était « plus par solidarité entre Ifoghas que pour des questions religieuses. » En tout cas, il restait soupçonné d’avoir participé au massacre de 153 militaires maliens comme, à cette période, à Aguelhok.

Un an plus tard, lors de l’opération françaises Serval, Cheikh Ag Aoussa quitta Ansar Dine pour former le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), qui devint plus tard le HCUA.

Photo :  Rebelles Touareg (archive)

 

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