L’Iran accuse l’armée saoudienne d’avoir bombardé son ambassade au Yémen

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Près d’une semaine après l’exécution du dignitaire religieux chiite Nimr al-Nimr, condamné à mort par la justice saoudienne « terrorisme, port d’armes, sédition, désobéissance au souverain, insulte aux savants en loi islamique », suite à son rôle joué dans un mouvement contestaire dans la très stratégique province du Hasa, la tension n’est toujours pas retombée entre Riyad et Téhéran, malgré les appels à la « désescalade » lancés par la communauté internationale et la proposition d’une médiation entre les deux pays faite par l’Irak.

Cette affaire a mis le feu aux poudres, tant les sujets de désaccords profonds entre l’Arabie Saoudite et l’Iran sont nombreux. Ces deux ont en effet des différends religieux (opposition entre sunnisme et chiisme), économiques (pétrole et gaz) et géopolitiques, notamment sur les dossiers syrien et yéménite.

Et depuis le 2 janvier, chaque camp n’a pas de mots assez durs pour qualifier l’autre, le guide suprême de la Révolution islamique, ayatollah Ali Khamenei évoquant « la main divine qui vengera [Nimr al-Nimr] des dirigeants saoudiens » et la diplomatie saoudienne accusant l’Iran d’être un pays « sans vergogne » et de soutenir « le terrorisme ». Ce qui, au demeurant, n’est pas totalement faux.

En outre, l’ambassade d’Arabie saoudite ainsi qu’un consulat ont été attaqués en Iran suite à l’annonce de l’exécution de Nimr al-Nimr. Ce qui a contribué à la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Qui plus est, Bahreïn, dirigé par un roi sunnite – a suivi Riyad. De même que le Soudan et Djibouti.

D’autres monarchies du Golfe, également sunnites, comme le Qatar, les Émirats arabes unis et le Koweït, ont été un peu plus mesurées dans leur réaction en réduisant simplement leurs relations avec Téhéran.

C’est donc dans ce contexte que l’Iran a accusé, ce 7 janvier, l’aviation saoudienne d’avoir bombardé délibérément son ambassade au Yémen. Pour rappel, l’Arabie Saoudite a pris la tête d’une coalition arabe afin de soutenir le président yéménite Mansour Abd Rabbo Mansour Hadi, aux prises à des rebelles chiites (les Houthis) soutenus par l’Iran et alliés aux partisans de l’ancien homme fort du pays, à savoir Ali Abdallah Saleh.

« Cette action délibérée de l’Arabie saoudite est une violation de toutes les conventions internationales pour protéger les missions diplomatiques (…) et le gouvernement saoudien est responsable des dégâts causés et de la situation des membres du personnel qui ont été blessés », a ainsi affirmé Hossein Jaber Ansari, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. « La République islamique d’Iran se réserve le droit de défendre ses droits dans cette affaire », a-t-il prévenu.

Dans le même temps, Téhéran a décidé l’interdiction de tout produit saoudien ou en transit depuis l’Arabie saoudite. Depuis le 20 mars, les importations en Iran de produits d’origine saoudienne se sont élevées à 36,8 millions d’euros tandis que les exportations iraniennes ont atteint les 121 millions.

Cela étant, si l’Iran et l’Arabie Saoudite ne partagent pas de frontière, ce qui limite le risque d’une confrontation militaire directe (cela dit, si les missiles iraniens peuvent atteindre Israël, Riyad est à leur portée), ces tensions sont de nature à exacerber les rivalités entre chiites et sunnites et les guerres que se livrent par procuration ces deux puissances. En outre, Téhéran peut aussi très bien bloquer le stratégique détroit d’Ormuz, lequel constitue la seule porte de sortie pour les côtes orientales saoudiennes ainsi que pour les Émirats arabes unis, le Koweït, le Qatar et Bahreïn.

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