Washington pourrait stocker des chars « Abrams » et des blindés « Bradley » en Europe de l’Est

estonie-20150225

En mars dernier, à l’occasion de l’arrivée de 3.000 soldats de la 3e division d’infanterie américaine à Riga avec leurs 750 chars et véhicules blindés pour une série de manoeuvres dans les États baltes, le général John O’Connor, alors en charge de cette opération logistique, avait indiqué que ces équipements – ou du moins une bonne partie – resteraient sur place « tant que ce sera nécessaire pour dissuader la Russie d’une agression ».

Mais à en croire les informations du New York Times (édition du 13 juin), le Pentagone pourrait entreposer, de façon permanente, des chars Abrams et autres véhicules Bradley dans les États baltes et dans d’autres pays d’Europe centrale et de l’Est, ce qui serait une première depuis la fin de la Guerre froide à l’intégration d’anciens membres du Pacte de Varsovie au sein de l’Otan.

Selon le quotidien, il serait question de stocker les matériels nécessaires pour équiper l’équivalent d’une compagnie (150 hommes) dans chacun des trois États baltes. En outre, il en serait fait de même en Pologne, en Bulgarie, en Roumanie, voire en Hongrie.

« Ces dernières années, l’armée américaine a intensifié le prépositionnement de matériels en vue de l’entraînement et des manoeuvres avec nos alliés et partenaires de l’Otan », a rappelé le colonel Steve Warren, un porte-parole du Pentagone. Elle « continue d’examiner quels sont les meilleurs sites pour entreprose ce matériel, en consultation avec les alliés. Pour l’instant, nous n’avons pas encore décidé si nous allions envoyer cet équipement, et à quelles date », a-t-il ajouté.

La décision de stocker ces matériels en Europe de l’Est doit encore être validée par Ashton Carter, le secrétaire américain à la Défense. Cette mesure s’inscrirait ainsi dans les mesures de réassurance prises à l’intention de la Pologne et des États baltes, inquiets des intentions russes depuis l’annexion de la Crimée et des tensions séparatistes dans le sud-est de l’Ukraine.

Cela étant, les informations du New York Times ne sont pas nouvelles. Dès novembre dernier, le général Ben Hodges, le commandant de l’US Army en Europe, avait évoqué l’idée de prépositionner des chars et des blindés.

« Les troupes viendront pour participer aux exercices, puis elles rentreront. L’équipement restera sur place », avait-il affirmé, en précisant qu’il s’agissait là d’une solution « beaucoup plus économique » par rapport au déploiement de véhicules depuis les États-Unis avant chaque exercice. « Je vais examiner différentes options, comme distribuer ces équipements par lots réduits, pour la taille d’une compagnie ou d’un bataillon, peut-être à travers les pays baltes, la Pologne, la Roumanie ou la Bulgarie », avait-il ajouté.

En clair, il s’agit de remettre en place un dispositif de la Guerre froide qui consistait à pré-positionner des équipements à des endroits stratégiques en Allemagne de l’ouest afin de les utiliser lors des exercices Reforger.

Les pays baltes sont évidemment favorables à une telle mesure. En mai, ils avaient même demandé le déploiement, sur leur territoire, de l’équivalent d’une brigade de l’Otan, qui prévoit par ailleurs la mise sur pied d’une force prête à intervenir à très court préavis en cas de problème. « Si la décision est prise, ce sera une très bonne chose pour notre sécurité », a commenté Juozas Olekas, le ministre de lituanien de la Défense, au sujet de pré-positionnement éventuel de matériels américains.

« Nous avons besoin d’équipements prépositionnsé parce que si quelque chose arrive, nous aurons besoin d’armements supplémentaires, du matériel et des munitions », a estimé Raimonds Vejonis, le ministre letton de la Défense.

Cette mesure est surtout un signe adressé à Moscou pour dire que l’engagement des États-Unis aux côtés des pays baltes est crédible. Le 27 mai, le général tchèque Petr Pavel, le nouveau chef du comité militaire de l’Otan en 2014, avait estimé qu’il faudrait seulement deux jours aux forces russes pour occuper les pays baltes si Moscou prenait la décision de les envahir, en profitant de la lenteur de la structure de commandement de l’Alliance, avec « son processus complexe de prise de décision ».

Toutefois, le président russe, Vladimir Poutine, a totalement écarté un tel dessein. Dans un entretien accordé au Corriere della Sierra, à l’occasion de son déplacement en Italie, la semaine dernière, le maître du Kremlin a dit penser « que seul un fou et seulement dans un rêve peut imaginer que la Russie attaquerait soudainement l’Otan ». Et d’ajouter : « Je pense que certains pays profitent tout simplement des craintes des gens à l’égard de la Russie ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]