Le moral des troupes reste un « sujet majeur de préoccupation » pour le chef d’état-major des armées

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Lors de son passage devant la commission des Affaires étrangères et des Forces armées du Sénat, dans le cadre de l’examen du projet d’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, le général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées (CEMA) a fait part de trois « points d’attention » concernant la préparation de l’avenir, le budget et le moral.

S’agissant du premier point de vigilance, le CEMA a dit rester attentif à l’équilibre entre les 5 fonctions stratégiques définies par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN) de 2013, à savoir la protection, la dissuasion, l’intervention, prévention ainsi que la connaissance et l’anticipation. Pour cela, il faut donc veiller à « l’adéquation entre les missions et les moyens » et « entre les besoins et les ressources ». Mais aussi entre le « physique et le financier », là où parfois, a-t-il avancé, « la seule approche comptable peut faire des dégâts dévastateurs ».

D’où le second point de vigilance du CEMA, qui porte donc sur le budget. « En dépit d’un abondement en ressources [ndlr, 3,8 milliards d’euros], l’équation financière reste tendue. C’est la raison pour laquelle nous restons concentrés et organisés pour mobiliser en interne les ressources nécessaires au financement des capacités », a-t-il dit aux sénateurs. Et cela d’autant plus qu’un milliard d’euros sera obtenu grâce à l’évolution favorable du coût des facteurs (prix du pétrole, inflation moindre que prévue, etc…). En outre, et toujours sur ce point, le général deVilliers estime que le coût de l’expérimentation du service militaire volontaire (35 millions d’euros) ne devrait pas être « pris sur le budget de la Défense ». « Mon discours ne varie pas : ‘à mission nouvelle, moyen nouveau' », a-t-il lancé.

Enfin, le dernier point de vigilance concerne le moral des troupes. « Il reste pour moi un sujet majeur de préoccupation », a affirmé le général de Villiers. Après les lourdes restructurations de ces dernières années, les réorganisations qui ont bouleversé le fonctionnement des armées, avec l’apparition des bases de défense, les suppressions massives de postes, sans oublier le désastre de Louvois, le système de paiement des solde, le moral des militaires a été mis à rude épreuve.

« Dans le contexte actuel, nos subordonnés, ne nous méprenons pas, ressentent parfois un double sentiment : d’une part, une surchauffe et une lassitude engendrée par l’opération Sentinelle, la livraison reportée de certains équipements majeures, et les conséquences des multiples réformes de ces dernières années; d’autre part, une condition du personnel dégradée. Je pense au report de permissions, au célibat géographique, à l’état de certaines infrastructures, etc. », a expliqué le CEMA.

« Le moral de nos armées est un sujet majeur, car ce sont les forces morales qui font la différence sur le terrain. Nous avons de formidables soldats. Ces femmes et ces hommes font preuve d’un courage, d’un sens du devoir et d’une générosité incroyables, alors que leurs conditions de vie et de travail sont souvent rudimentaires. Ils ne demandent que les moyens nécessaires pour remplir décemment les missions qui leur sont confiées. Depuis des années ils acceptent, ils endurent, ils risquent leurs vies et avec des rémunérations modestes. Nous leur devons une attention à la hauteur des sacrifices personnels, familiaux et financiers qu’ils consentent au quotidien pour protéger la France et les Français », a encore plaidé le général de Villiers.

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