L’État islamique compte de plus en plus de recrues originaires d’Asie centrale
L’on savait que l’État islamique, qui a instauré un califat à cheval entre la Syrie et l’Irak, séduisait de plus en plus en Afrique du Nord (en particulier en Libye) ainsi qu’en Afghanistan et au Pakistan. Dans ces deux pays, des responsables taliban ont ainsi récemment fait allégeance à Abu Bakr al-Baghdadi.
Mais, alors qu’il est beaucoup question de jeunes européens partis rejoindre les rangs jihadistes au Moyen Orient, l’International Crisis Group a fait part de son inquiétude, dans un rapport publié le 20 janvier, de voir l’État islamique recruter de plus en plus en Asie Centrale, plus précisément dans les anciennes républiques soviétiques de culture majoritairement musulmane, comme le Kazakhstan, le Kirghisztan, le Turkménistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.
« Entre 2.000 et 4.000 citoyens d’Asie Centrale ont rejoint ces trois dernières années les territoires contrôlés par l’EI », estime le rapport. « Il est aujourd’hui plus facile pour l’EI de recruter en Asie Centrale qu’en Afghanistan ou au Pakistan », a affirmé Deirdre Tynan, responsable de la région pour l’ICG.
Le recrutement de ces militants de la cause jihadiste, aux profils variés, se passe essentiellement dans les mosquées et les salles de prières. « L’Internet et les médias sociaux jouent un rôle essentiel mais pas déterminant », note le rapport. « La radicalisation des femmes est souvent une conséquence de l’absence de perspectives sociales, religieuses, économiques et politiques », explique-t-il également.
« Tous pensent que le califat islamique pourrait être une alternative sérieuse à la vie post-soviétique », avance le document, selon lequel « dans ces cinq pays, la religion remplit un vide créé par le manque de gouvernance et l’insécurité sociale ».
L’Ouzbékistan, d’où est d’ailleurs originaire le MIO (Mouvement islamique d’Ouzbékistan ), lié à al-Qaïda, est le pays le plus touché par ce phénomène. Du coup, il serait particulièrement exposé à la menace terroriste si jamais ses ressortissants séduits par l’EI décident de revenir chez eux. Mais au final, c’est toute l’Asie centrale qui peut être déstabilisée.
Et cela d’autant plus qu’aucune de ces anciens républiques soviétiques, aux régimes autocratiques, n’ont su répondre à ce phénomène. Le Tadjikistan et le Kazakhstan ont certes pris des mesues pour dissuader leurs ressortissants d’aller combattre à l’étranger… Mais rien n’est fait pour les détecter. « Les services de sécurité d’Asie Centrale utilisent ces menaces à des fins politiques et pour restreindre les libertés individuelles », déplore surtout l’ICG.