Il y a 100 ans, le sergent Frantz et le caporal Quenault remportaient la première victoire aérienne de l’histoire de l’aviation

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Le 5 octobre 1914, le Voisin III n° 89 de l’escadrille V24 décolle du terrain de Lhery, dans la Marne pour une mission de bombardement et d’observation des lignes allemandes, à hauteur du Fort de Brimont.

La mission de ce jour est presque devenue un classique des opérations aériennes. Le premier bombardement a été effectué en novembre 1911, lors de la guerre italo-turque par Giulio Gavotti, à bord d’un monoplan Etrich Taube et avec 4 grenades à fragmentation spécialement conçues pour l’aviation.

Pour l’armée française, le premier bombardement de positions ennemies lors de la Première Guerre Mondiale a été réalisé le 14 août 1914 par le lieutenant Cesari et le Caporal Prudhommeau, chacun ayant piloté un Maurice Farman MF7. Plus tard, le 30 août, l’aviation allemande bombardera Paris, avec un Rumpler Traube avec le lieutenant Von Hiddessen aux commandes.

Quoi qu’il en soit, pour son objectif du jour, le Voisin III, un biplan surnommé « Cage à poules » qui vient tout juste d’être mis en service par l’armée française, emporte 6 obus modifiés de 90 mm ainsi qu’une mitrailleuse Hotchkiss, fixée sur un trépied. Son équipage est formé par le sergent Joseph Frantz et le mécanicien observateur Louis Quenault.

Une fois à la verticale de l’objectif, le caporal Quenault lance, à la main, les 6 obus sur les les positions allemandes. Le Voisin III n°89 survole pendant un moment le secteur afin d’évaluer les dégâts causés puis prend le cap du retour.

Sauf que, aux environs de 9 heures, le lieutenant Frantz remarque un avion ennemi arrivant en sens inverse. Il s’agit d’un Aviatik BII, piloté par le sergent Wilhelm Schlichting, avec l’oberleutnant Fritz von Zangen pour observateur. Les deux hommes de l’escadrille FFA 18 ne sont armés que d’une carabine.

Ni une, ni deux, le sergent Frantz décide de prendre en chasse l’appareil allemand. Ce n’est pas la première fois que le tandem qu’il forme avec le caporal Quenault va essayer d’abattre un avion ennemi : il a déjà tenté le coup au moins à 11 reprises avant de 5 octobre.

Le pilote français pousse le moteur de 100 Ch de son Voisin III à plein régime et pique vers son adversaire pour se placer dans son sillage. Ayant fini par l’apercevoir, l’équipage de l’Aviatik amorce un virage serré sur la gauche pour s’échapper.

Les intentions du sergent Frantz étant très claires, l’observateur allemand tente d’ajuster le Voisin III avec sa carabine… Peine perdue. Malgré les manoeuvres d’esquive de son adversaire, le pilote français tâche de mettre son appareil en position de tir. Et, dès qu’il en a l’occasion, le caporal Quenault ouvre le feu sur l’Aviatik quand ce dernier se trouve à une dizaine de mètres de distance. Et l’Hotchkiss finit par s’enrailler…

Alors il se produit l’impensable : visiblement, les tirs du mécanicien observateur ont fait mouche. L’Aviatik se cabre, bascule sur le dos, part en piqué et s’écrase à 15 km de Reims, près du cantonnement de la Ve Armée française du général Franchet d’Esperey. Le sergent Wilhelm Schlichting, avec l’oberleutnant Fritz von Zangen sont tués. Ils seront tous les deux enterrés avec les honneurs militaires rendus par les soldats français.

Ce fait d’armes n’est pas anodin : le sergent Frantz et le caporal Quenault viennent de remporter le premier combat aérien de l’histoire de l’aéronautique militaire. Les deux aviateurs seront décorés respectivement de la Légion d’Honneur et de la Médaille Militaire (Frantz en était déjà titulaire avant son exploit).

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