Kader Arif déplore la « suppression » du service militaire
Il est rare de voir un responsable du ministère de la Défense, en l’occurrence Kader Arif, le secrétaire d’Etat aux Anciens combattants et à la Mémoire, déplorer la « suppression » (*) de la conscription et vanter les mérites de cette dernière. C’est pourtant ce qu’il a fait, à deux reprises sur les plateaux de LCI et d’iTélé, le 8 mai.
Ainsi, c’est une « erreur d’avoir supprimé le service militaire », a-t-il dit et répété lors de deux interventions sur ces deux chaînes d’information. « Je crois, au regard de ma propre histoire que le service militaire obligatoire était un formidable creuset républicain qui permettait à des jeunes gens, plus de 260.000 par an, venant d’origines sociales, de régions et de confessions différentes de pouvoir se retrouver et de se dire : ‘Nous sommes citoyens français' », a-t-il expliqué.
Sur ce point, M. Arif n’a pas varié. « Pour ma part, j’étais à l’époque contre la suppression du service national, mais cela a été fait, en 1997, n’y revenons pas », avait-il déjà affirmé dans un numéro de la Revue Civique (automne 2012). Cela dit, il n’était pas allé jusqu’à qualifier cette décision « d’erreur ».
« À titre personnel, je peux dire que le ‘service’ a participé au renforcement de mon sentiment d’appartenance à la Nation, à l’histoire de cette Nation : quand je me suis retrouvée sous les couleurs du drapeau français, pendant mon ‘service militaire’, j’en étais ému et fier! Je me disais, ‘tu t’appelles Kader Arif, mais là on ne te pose pas la question, tu as le même uniforme, tu es au couleur de la Nation’. C’est un sentiment très fort, que l’on n’exprimait pas mais que l’on pouvait vivre fortement », avait-il également confié à cette publication.
Pour autant, le secrétaire d’Etat estime qu’il faudrait sans doute remplacer la conscription par autre chose… « Au moment où l’on se pose beaucoup de questions sur l’avenir de la Nation (…), je me dis que, au travers de ce qui fait sa richesse, c’est à dire sa diversité, l’idée d’un service civique, obligatoire et mixte, (…) serait quelque chose sur quoi on devrait réfléchir », a-t-il affirmé sur LCI.
« Je regrette la suppression du service militaire », a encore insisuté M. Arif sur LCI. « Ce n’est pas une annonce, c’est un constat que je ressens profondément. Et en même temps, je lance une idée. Elle n’est pas inscrite dans un débat parlementaire, c’est une réflexion qui doit exister, me semble-t-il », a-t-il précisé. Et d’ajouter : « L’on verra à quel moment, si c’est possible, dans quelles conditions, cela peut être réalisé ».
« Je crois beaucoup à l’idée que nos jeunes ont envie de servir leur pays et que ce service rendu (…) renforce en même temps leur appartenance à la Nations, quelles que soient leurs origines. Si on arrive à faire cela, quelle que soit la formule choisie, on aura fait avancer le sentiment républicain », a plaidé M. Arif.
Seulement, dans les colonnes de la Revue Civique, déjà citée, le secrétaire d’Etat avait déjà défendu cette mesure, avant d’estimer qu’elle n’était pas réalisable. « L’idée d’un service civique obligatoire, mêlant filles et garçons, serait pour moi un très beau projet d’avenir, pour ce sentiment d’appartenance qui manque tant. Mais, on le sait bien aujourd’hui, pour des raisons financières, ce n’est pas possible. En tout cas, tant que la période de crise ne sera pas derrière nous », avait-il dit.
(*) Le Service national n’a pas été abandonné mais suspendu par la loi du 28 octobre 1997