Suisse : Pas de plan B pour le Gripen en cas d’un « non » au référendum
Pour Ueli Maurer, le chef du département suisse de la Défense, l’achat de 22 avions de chasse JAS-39 Gripen E/F est indispensable afin de remplacer les F-5 Tiger de la force aérienne helvétique et pour permettre à cette dernière d’assurer une surveillance de l’espace aérien 24h/24 et pas seulement pendant les heures de bureau.
Seulement, cette acquisition, d’un montant de 3,126 milliards de francs suisses, va dépendre du résultat d’une « votation » le 18 mai prochain. La question à laquelle les électeurs auront à répondre de porte pas sur le choix – contesté – de l’appareil mais sur son mode de financement, un fond ayant été spécialement prévu pour cette opération.
Que se passera-t-il alors en cas d’une victoire du non dans deux mois? Ancien pilote militaire, le conseiller national (député) Thomas Hurter (UDC), la solution serait alors d’acquérir les Gripen par tranches de 12 exemplaires en passant par les programmes d’armement. En clair, même si le fonds de 3,126 milliards n’est pas approuvé, il y aurait quand même une alternative pour moderniser la force aérienne suisse.
Cette solution permettrait de s’assurer de la maturité du Gripen E/F, en cours de développement, et d’envisager également le remplacement des F/A-18 Hornet suisses qui, en 2025, afficheront 35 ans de service.
Dans le fond, l’option préconisée par ce parlementaire n’irait pas forcément à l’encontre du verdict des urnes s’il est négatif : la question, encore une fois, porte sur le mode de financement des Gripen, pas sur leur utilité.
Sauf que Thomas Hurter a été vertement critiqué par les partisans de l’achat de l’appareil suédois. « Si un fonds a été créé pour acquérir 22 Gripen, c’est justement pour que le peuple puisse trancher », a répondu le département de la Défense. Et les avions « ne seront achetés que si un oui sort des urnes le 18 mai », a-t-il insisté.
Pour le président (UDC) de la commission de la politique de sécurité du Conseil national (chambre basse), Alex Kuprecht, « le verdict du 18 mai devra être respecté quel qu’il soit ». Autrement dit, si le non l’emporte, c’est que les électeurs auront refusé de remplacer les F5 Tiger.
« Il n’a jamais été question d’une variante. La commission a, à l’époque, lorsqu’elle a décidé du fond du sujet, clairement mis le problème sur la table en disant que la volonté du peuple sera respectée », a renchéri le sénateur Jean-René Fournier, dont les propos ont été rapportés par Le Matin de Lausanne. « Pas question donc de préparer dans son dos une décision réservée d’acquérir quand même des aéronefs », a-t-il ajouté.
En fait, tout dépendra de l’interprétation qui sera faite d’un éventuel « non ». Pour les initiateurs de cette votation (c’est à dire les écologistes et la gauche), il est hors de question d’acheter un nouvel avion de combat, qu’ils jugent inutile.
D’autres exprimeront un refus car ils estiment que l’avion de Saab n’est pas l’appareil dont la Suisse a besoin. Il ne faut pas sous-estimer cette dimension de la question, étant donné que ce choix de cet avion a été vivement critiqué. Quoi qu’il en soit, la balle sera dans le camp du Conseil fédéral, avec un Gripen hors-jeu…