M. Valls ne s’est pas trop attardé sur les questions de défense
Fraîchement nommé Premier ministre, Manuel Valls a prononcé, ce 8 avril, son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, qu’il a conclu sur une belle envolée lyrique sur la France et la République à laquelle l’on ne peut que souscrire. Cependant, sur les affaires de défense, l’ancien ministre de l’Intérieur a été très discret. A peine 5 lignes sur une allocution de 16 pages…
« Notre voix, celle du Chef de l’Etat, notre diplomatie, nos armées sont respectées. Et je veux, ici, rendre hommage à nos soldats engagés à l’étranger, notamment au Mali et en Centrafrique, pour assurer la paix et la sécurité », a-t-il affirmé à la tribune. « Et je n’accepte pas les accusations injustes qui pourraient laisser penser que la France ait pu être complice d’un génocide au Rwanda alors que son honneur, c’est toujours de séparer les belligérants », a-t-il ajouté.
Voilà. C’est tout. En 2007, François Fillon avait été plus bavard sur ces questions, en affirmant que « notre outil militaire (devait) être musclé autour de nos objectifs de projection de forces et de dissuasion » et en annonçant la rédaction d’un nouveau Livre blanc et la préparation de la prochaine Loi de programmation militaire (LPM).
Son successeur, Jean-Marc Ayrault, fit la même chose 5 ans plus tard. Ce dernier avait toutefois tenu à » saluer (…) les femmes et les hommes militaires et civils engagés dans la défense de notre pays. Ma compassion et ma solidarité vont à nos soldats morts ou blessés en opération. »
Comme l’avait annoncé le désormais ancien Premier ministre, un nouveau Livre blanc sur la défense a été rédigé et une nouvelle LPM pour les années 2014-2019 est sur les rails. Aussi, à la décharge de Manuel Valls, il n’y avait sans doute pas grand chose à ajouter, l’essentiel ayant déjà été fait.
Sauf qu’un mot pour rassurer les militaires sur le respect de la trajectoire financière de la LPM n’aurait pas été un luxe. Certes, Jean-Yves Le Drian, reconduit logiquement dans ses fonctions de ministre de la Défense, a promis qu’il ferait tout son possible pour préserver ses budgets. Certes, les parlementaires des commissions concernées, tant au Sénat qu’à l’Assemblée nationale, ont averti qu’ils veilleraient au grain.
Mais quand l’on sait qu’il faudra trouver 50 milliards d’euros d’économies d’ici 2017, tout en finançant des baisses de charges et d’impôts, le tout sous l’oeil vigilant de la commission de Bruxelles et de la Banque centrale européenne, l’on peut se dire qu’un mot sur la préservation des moyens accordés aux forces armées aurait été rassurant.
En 2005, alors que la LPM 2003-2008 était en cours, Dominique de Villepin, nommé à la place de Jean-Pierre Raffarin après l’échec du référendum portant sur la Constitution européenne, ne s’était pas non plus étendu longuement sur les questions militaires. Il avait même été très bref.
Comme Manuel Valls, il avait affirmé que « notre défense (était) respectée partout dans le monde » et qu’elle était « présente sur tous les théâtres de crise, au service de la stabilité et de la paix ». Mais il avait prononcé la phrase attendue : « Pour garantir la modernisation et l’équipement de nos armées, les engagements pris dans la loi de programmation militaire seront tenus ». Ce qui a été globalement le cas, le budget de la Défense étant passé de 31 à 31,8 milliards entre 2005 et 2006 (puis à 31,5 milliards en 2007)(*).
(*) Source : Annuaire statistique de la Défense 2009-2010, en euros constants 2009