Le Qatar est en délicatesse avec ses partenaires du Conseil de coopération du Golfe

Le torchon brûle entre le Qatar et les autres pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), c’est à dire l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Koweït.  Le 5 mars, Riyad, Abu Dhabi et Manama ont ainsi rappelé leurs ambassadeurs en poste à Doha, à l’issue d’une réunon houleuse des ministres des Affaires étrangères des pays membres de ce groupe régional.

« Les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont tout fait auprès du Qatar pour s’entendre sur une politique unifiée (…) garantissant la non ingérence de façon directe ou indirecte dans les affaires internes de chacun des pays membres », ont expliqué les trois monarchies dans un communiqué conjoint. « Il a été demandé au Qatar de ne soutenir aucune action de nature à menacer la sécurité et la stabilité des Etats membres », précise le document.

Qu’est ce qui a bien pu motiver ce coup de sang? Tout simplement le soutien affiché du Qatar aux Frères musulmans. Et, a priori, ces derniers ne sont pas en odeur de sainteté en Arabie Saoudite, aux Emirats arabes unis et à Bahreïn. Et cela d’autant plus que Doha diffuse, via al-Jazeera, les prêches de l’imam Youssef al-Qaradawi, qui, bien que très controversé, est le maître à penser de cette confrérie. Or, récemment il s’en est pris vigoureusement aux autres monarchies du Golfe.

Ce n’est là qu’un épisode parmi d’autres. En fait, les positions, notamment saoudiennes, s’opposent aux options défendues par le Qatar, que ce soit en Egypte, où Doha a pris fait et cause pour l’ex-président Morsi, issu des Frères musulmans alors Riyad et les deux autres membres du CCG ont apporté leur soutien au maréchal al-Sissi. Sans doute que l’aide apportée aux rebelles syriens y est aussi pour quelque chose…

Mais ce qui a motivé cette décision prise à l’encontre du Qatar est le soutien que ce dernier apporte aux islamistes qui, proches de la mouvance des Frères musulmans, sont actifs chez ses voisins. Des dizaines d’entre eux ont ainsi été condamnés à des peines de prison aux Emirats et l’Arabie Saoudite vient de placer la confrérie comme organisation terroriste, au même titre que d’autres groupes jihadistes présents en Syrie, comme l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et le Front Al-Nosra. Déjà que le régime saoudien ne passe pas pour être le plus ouvert à l’endroit des autres religions, c’est dire le degré de fanatisme de la mouvance jihadiste…

Quoi qu’il en soit, cette tension au sein du CCG peut avoir des conséquences militaires. Ce groupe régional, créé en mai 1981, en pleine guerre Iran-Irak et sous la menace d’une « exportation » de la révolution islamique (chiite) iranienne, s’est en effet doté d’une force commune, appelée le « Bouclier de la péninsule », dont les effectifs s’élèvent à 40.000 hommes et qui dispose d’une base permanente aux Emirats.

Ce « Bouclier de la péninsule », qui s’était laissé surprendre par l’invasion du Koweït par Saddam Hussein, en août 1990, est récemment intervenu à Bahreïn, alorsen proie à un mouvement de contestation chiite.

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