La Turquie refuse de prendre livraison de son premier A400M « Atlas »; Airbus Group parle de « marchandage »
Ce n’est pas peu dire, les aviateurs français étaient impatients de voir arriver le premier exemplaire de l’avion de transport A400M « Atlas », lequel a finalement été livré à l’armée de l’Air l’été dernier, avec 4 ans de retard… Depuis, l’appareil, baptisé « Ville d’Orléans », a été rejoint par un second avant d’effectuer une mission au Mali.
Mais sans doute que leurs homologues turcs souhaiteraient en dire autant. Pourtant, le premier Atlas qui leur est destiné est fin prêt. En août dernier, Airbus Defense & Space a diffusé une photographie le montrant aux couleurs des forces aériennes turques. Dans ces conditions, pourquoi sa livraison, qui étaient pourtant prévue à la fin de l’année 2013, n’a pas encore été faite? Tout simplement parce qu’Ankara la refuse.
En tout cas, pour Tom Enders, le Pdg d’Airbus Group, cette « situation est de plus en plus inacceptable ». Car, selon lui, si cet avion, « identique à ceux livré » à l’armée de l’air française, qui ont été immédiatement opérationnels », n’a pas encore rejoint sa base en Turquie, c’est que les autorités turques se livrent à du « marchandage ». Et ce serait là la seule explication à leur attitude dans cette affaire.
Le patron d’Airbus Group a dit espérer que cette situation se débloque « à travers l’intervention d’autres pays clients ». Outre la Turquie et la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, le Royaume-Uni, le Luxembourg et la Malaisie ont commandé cet appareil, dont 174, pour le moment, doivent être assemblés.
« Comment peut on augmenter la cadence de production quand on n’a pas la certitude que les clients vont prendre l’avion et qu’on est obligé de le parquer? », a ainsi demandé Tom Enders.
Il faut dire à la décharge d’Ankara que l’économie turque n’est actuellement pas au mieux. Les annonces de la banque centrale américaine (FED) au sujet de sa politique monétaire, avec un allégement de ses mesures de relance (quantitative easing), n’ont pas été sans conséquences sur les monnaies des pays dits émergents, dont la livre turque. Qui plus est, les scandales politico-financiers qui affectent le pouvoir turc n’arrangent pas les choses quand il est question de rétablir la confiance des investisseurs.
Cela étant, cette situation n’a pas empêché la Turquie de signer un contrat d’un montant de 3,5 milliards de dollars pour l’acquisition de 109 hélicoptère S-70 Black Hawk u constructeur américain Sikorsky Aircraft, ni de prendre livraison, au début de ce mois, du premier des 4 avions B-737 AEW&C (Airborne Early Warning & Control) commandés auprès de Boeing. Et comme cet appareil s’est fait attendre, Ankara exige de l’avionneur le paiement de 183 millions de dollars de pénalités…