Centrafrique : La police congolaise a-t-elle arrêté l’un des principaux chef auto-proclamés des milices anti-balaka?

Le 15 février dernier, les militaires français de la force Sangaris et ceux de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA) menèrent une opération dans le quartier de Boy-Rabe, un bastion des milices anti-balaka, à Bangui. Quelques jours plus tôt, le ton à l’égard de ces derniers s’était durci, le général Soriano allant jusqu’à les qualifier « d’obstacles à la paix », en raison de leurs représailles sur les populations musulmanes et de leurs rapines.

L’un des objectifs, du moins a priori, de cette mission était d’interpeller Patrice Edouard Ngaïssona, coordonnateur auto-proclamé des milices anti-balaka. Seulement, les militaires français et africains firent chou blanc, l’oiseau s’étant envolé de son nid. Restait à savoir où était passé cet ancien député et ministre sous le régime du président Bozizé, renversé par les rebelles de la coalition Séléka en mars 2013.

Sa trace aurait été retrouvée le 25 février par la police congolaise. Cette dernière a en effet annonce avoir arrêté Patrice Edouard Ngaïssona dans le nord du Congo, puis l’avoir transféré à Brazzaville.  » Il s’est presque rendu. Actuellement, il est gardé en lieu sûr dans la capitale », a même confié une source policière à l’AFP.

L’information paraissait alors crédible. La région de Likouala, où l’arrestation a eu lieu, est séparée de la Centrafrique par le fleuve Oubangui. Depuis 2013, elle accueille 11.000 réfugiés centrafricains qui ont fui les exactions de la Séléka. En clair, il aurait été logique que Patrice Edouard Ngaïssona cherche à s’y cacher.

« La Misca se félicite de l’arrestation de Patrice Edouard Ngaïssona, coordonnateur autoproclamé des anti-balaka », a même réagi, via son compte Twitter, la force de l’Union africaine, commandée par le général congolais Jean-Marie Michel Mokoko et sein de laquelle le Congo compte le plus important contingent. Un communiqué a ensuite été publié sur son site Internet.

Et le quotidien « Les Dépêches de Brazaville » en ont même fait sa une, avec photo du responsable anti-balaka à l’appui, pour son édition de ce jour. Seulement, il n’est pas tout a fait certain que l’homme arrêté àdans la région de Likouala soit bien Patrice Edouard Ngaïssona…

En effet, ce dernier, joint par « La Voix de l’Amérique », a démenti avoir été interpellé. « Je ne suis pas arrêté. Je suis en liberté et présent dans Bangui », a-t-il affirmé. « A part la tentative d’assassinat dont j’ai été l’objet il y a quelques jours, je ne suis pas inquiété et je jouis de ma liberté de centrafricain », a-t-il confié au Réseau des journalistes pour les droits de l’homme en RCA (RJDH).

« Nous avons reçu l’information de Brazzaville. Ce sont des autorités qui nous ont tenus au courant et nous les croyons pour le moment », a répondu Eloi Yao, porte parole de la Misca, alors qu’il était interrogé par RJDH. « Nous allons essayer de rentrer en contact avec Brazzaville, pour trouver des informations encore plus fraiches », a-t-il ajouté.

Visiblement, l’annonce de l’arrestation de Ngaïssona aura été sans doute prématurée… Puisque la page du communiqué félicitant les autorités congolaises n’est plus disponible sur le site de l’Union africaine. Seul le fichier .pdf l’est encore.

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