Les autorités françaises expriment leur « réprobation » à l’égard de l’espionnage américain

« Invraisemblable », « inacceptable », « pas convenable », « choquant »… Les qualificatifs n’ont pas manqué aux ministres français pour dénoncer les pratiques de la National Security Agency (NSA) qui, selon le quotidien Le Monde, aurait récolté plus de 70 millions de données téléphoniques en France entre décembre 2012 et janvier 2013.

L’ambassadeur des Etats-Unis à Paris a été convoqué pour qu’il fournisse des explications et le président Hollande s’est entretenu de cette affaire avec son homologue américain, Barack Omaba. Au cours de leur échange, le locataire de l’Elysée a tenu à manifester sa « profonde réprobation » et à dénoncer des « pratiques inacceptables ».

La Maison Blanche a toutefois relativisé les « révélations » du journal du soir, qui, dans le fond, n’en sont pas vraiment… « Nous ne commenterons pas publiquement toutes les activités présumées du renseignement (…) et nous avons dit clairement que les Etats-Unis récupéraient des données du renseignement à l’étranger du même genre que tous les pays », a ainsi explimé Caitlin Hayden, une porte-parole de la présidence américaine.

Deux choses sont en effet choquantes dans cette affaire. La première est le volume de renseignements interceptés par la NSA, dont on peut se demander d’ailleurs comment peut-elle faire, même avec des outils informatiques élaborés, pour trier le bon grain de l’ivraie et trouver l’information intéressante. Et ce n’est pas tout d’avoir mis la main sur le renseignement pertinent, encore faut-il l’analyser. Mais admettons…

Le second aspect qui peut sembler choquant est que l’on a l’impression que les autorités françaises découvrent que le métier des espions est d’espionner… La NSA existe depuis 1952 et tout le monde, enfin presque, connaît sa mission. S’imaginer qu’elle ne s’intéresse pas à la France, sous prétexte qu’elle est une vieille alliée des Etats-Unis, est faire preuve d’une naïveté confondante (à moins qu’elle soit jouée…). D’autant plus que l’hebdomadaire Der Spiegel avait déjà récemment révélé l’ampleur des activités de l’agence américaine en Europe et que l’Hexagone faisait partie de ses cibles prioritaires.

En mai 2010, le directeur national du renseignement américain, l’ex-amiral Dennis C. Blair, avait été poussé vers la sortie car il souhaitait signer un pacte avec Paris afin de mettre un terme aux opérations d’espionnage entre la France et les Etats-Unis… Ce qui aurait mis fin à une longue tradition… Bref, on ne peut pas dire que les responsables français n’étaient pas prévenus.

Plus généralement, tout le monde espionne tout le monde, la différence étant que Washington y met plus de moyens que les autres capitales… Par exemple, des agents israéliens se sont fait pincer à plusieurs reprises aux Etats-Unis pour espionnage (voir l’affaire Pollard, entre autres). Et les services français pratiquent aussi le renseignement électronique. Le projet de Loi de programmation militaire vise d’ailleurs à renforcer leurs moyens dans ce domaines.

En outre, si les Etats-Unis espionnent la France presque à livre ouvert, ils ne sont certainement pas les seuls, d’autant plus que des pays comme la Chine ou la Russie disposent aussi de moyens sophistiqués, notamment dans le cyberespace. Que les écoutes massives puissent choquer, là encore, on peut le comprendre. Mais ce n’est là qu’un moyen comme un autre.

Ainsi, par exemple, rien qu’à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle, 4 ordinateurs disparaissent toutes les heures dont 21% contiennent certainement des informations sensibles (le doute est permis pour 23% d’entre eux, leurs propriétaires ayant indiqué ne pas savoir si leur machine contenaient des données confidentielles ou pas… c’est dire….). Et l’on ne parle pas des smartphones, qui, sujets à des « menaces particulières », servent, pour 53% d’utilisateurs, autant pour les affaires privées que professionnelles.

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