La Suisse pourrait participer à la mission européenne de formation de l’armée malienne
Dans un entretien accordé au SonntagsBlick, le 31 mars, le chef du Département fédéral suisse des affaires étrangères (DFAE), Didier Burkhalter, a indiqué que Berne envisage d’envoyer des instructeurs militaires dans le cadre de la mission de formation lancée par l’Union européenne au Mali (EUTM Mali), laquelle vient d’entamer l’instruction d’un premier bataillon de l’armée malienne, à Koulikoro, ce 2 avril.
« La Suisse dispose de personnes compétentes qui pourraient aider dans le cadre d’un tel mandat », a-t-il affirmé, en soulignant que la mission de l’UE est « importante et juste pour le Mali. » D’après lui, il s’agirait ainsi de répondre positivement à une demande adressée par Bruxelles à Berne.
Ainsi, il serait question pour la Confédération d »envoyer au Mali des experts pour sensibiliser les soldats maliens au droit international humanitaire ainsi qu’au respect des droits de l’homme. Ils doivent savoir « ce qu’une armée peut et ne peut faire dans un conflit », a expliqué M. Burkhalter. Et ce dernier d’insister qu’ils ne seraient « pas chargés de la formation (militaire) des soldats » et qu’il n’est pas question qu’ils soient armés.
Ces experts militaires, dont le nombre devrait être « limité » (entre 5 et 10), seraient basés à Bamako, plus précisément au quartier général de l’EUTM Mali commandée par le général français François Lecointre.
Il revient au Conseil fédéral de donner son accord à cette mission non armée. « Un engagement au Mali ne constituerait pour cette raison pas un nouveau volet des contributions suisses à l’étranger », a expliqué Didier Burkhalter. « Il se baserait sur une résolution de l’ONU et une invitation du gouvernement malien », a-t-il précisé.
Cette implication de Berne au Mali repose sur au moins 3 raisons que le chef de la diplomatie suisse a données. La première est de s’assurer du respect des Conventions de Genève et, par conséquent, de la protection des populations civiles.
La seconde motivation, plus pratique si l’on peut dire, est que la stabilisation du Mali répond à un impératif de sécurité pour la Confédération étant donné qu’elle est également concernée par la menace terroriste. Enfin, il s’agit d’éviter que l’aide au développement consentie par Berne à Bamako depuis plus de 40 ans soit réduite à néant dans le cas où la conflit viendrait à s’éterniser.
Cela étant, la Suisse entretient des contacts depuis relativement longtemps avec les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Ainsi, en juillet 2012, le DFAE a financé l’une de ses réunions politiques à Ouagadougo (Burkina Faso). Dans un message daté du 26 septembre de la même année, Didier Burkhalter expliquait que « l’engagement suisse faisait suite à la demande des autorités maliennes ainsi qu’à celles d’une des parties au conflit, le MNLA. » Et d’ajouter : « Dans ce cadre, la Suisse développe, comme à son habitude, ses bons offices de manière impartiale. »