Avis défavorable pour déclassifier les documents relatifs à l’embuscade d’Uzbeen

Le 18 août 2008, 10 militaires français trouvèrent la mort lors d’une embuscade tendue par les insurgés afghans dans la vallée d’Uzbeen, dans le district de Surobi. Quelques familles de ces soldats tués au combat ont depuis entrepris une action en justice, estimant que l’opération en question avait été mal préparée à cause, notamment, de l’insuffisance de moyens en matière de renseignement.

En janvier dernier, la cour d’appel de Paris a donné le feu vert à la justice pour ouvrir une enquête sur les circonstances de cette embuscade afin de déterminer, d’éventuels manquements de la chaîne de commandement au moment des faits. Cette décision a ainsi contredit celle qu’avait prise, quelques mois plus tôt, le parquet de Paris, qui avait estimé que l’on ne pouvait pas condamner l’armée pour la mort de soldats en opération.

Quoi qu’il en soit, Sabine Kheris, en qualité de juge d’instruction au tribunal de Paris en charge de l’information judiciaire ouverte pour « mise en danger d’autrui et d’abstention volontaire d’empêcher un crime ou un délit contre l’intégrité d’une personne », a demandé, le 8 octobre, au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, la déclassification de documents concernant l’embuscade d’Uzbeen.

Ce dernier a donc transmis, le 31 octobre dernier, cette requête à la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN), laquelle n’a pas tardé à répondre. En effet, selon le Journal Officiel du 7 décembre, elle a émis un avis défavorable à la déclassification des documents demandés à l’issue de sa réunion du 22 novembre.

A moins que, pour cette fois, le ministre en décide autrement, ce qui est fort peu probable étant donné que les avis donnés par la CCSDN sont suivis dans leur quasi-totalité, le juge d’instruction ne devrait pas avoir accès aux documents demandés.

Qui plus est, le ministère de la Défense s’est toujours montré extrêmement réticent sur la question de la « judiciarisation » des opérations militaires, laquelle laisserait à penser qu’un militaire tué en mission n’est pas un combattant mais une « victime. »

« L’esprit de décision des chefs militaires ne doit pas être inhibé par la prise de risque inhérente au métier des armes » avait affirmé le chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Edouard Guillaud, au début de cette année. « Un soldat qui meurt au combat n’est pas une victime. C’est d’abord un homme ou une femme qui va au bout de son engagement » avait-il ajouté.

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