Le Canada pourrait finalement lancer un appel d’offres afin de renouveler sa flotte d’avions de combat

En juillet 2010, le gouvernement conservateur canadien annonçait son intention d’acquérir 65 avions de combat de type F-35, actuellement en cours de développement chez le constructeur américain Lockheed-Martin, pour environ 8 milliards de dollars.

Seulement, le choix de l’appareil censé remplacer le CF-18 des forces aériennes canadiennes s’est fait sans appel d’offres, ce qui a été vivement contesté par l’opposition au gouvernement emmené par Stephen Harper.

Pour autant, et même si cela n’obligeait en rien Ottawa quant au choix de son futur avion de combat, le Canada avait dépensé 168 millions de dollars pour financer une partie du développement du F-35. Il s’agissait alors de faire bénéficier, à hauteur de 12 milliards, selon les chiffres avancés à l’époque, l’industrie aéronautique canadienne des retombées économiques du programme mené par Lockheed-Martin.

Mais ces perspectives, jugées aléatoires, n’ont pas calmé les opposants à l’achat des 65 F-35 par le Canada. Et cela d’autant plus que d’autres avions auraient pu également prétendre à satisfaire les besoins de l’Aviation royale canadienne à un prix moindre, d’autant plus que, dans le même temps, il était annoncé une hausse conséquente des coûts du programme mené par Lockheed-Martin, consécutive notamment aux retards pris dans le développement de l’appareil.

Et, en avril dernier, le rapport du Vérificateur général du Canada a jeté un pavé dans la mare, donnant ainsi du poids aux critiques formulées par les opposants au F-35.

Ainsi, le document a taillé en pièce les arguments avancé par le gouvernement : les retombées économiques pour les industriels canadiens auraient été fondées sur « des hypothèses » qui « n’ont (…) pas fait l’objet de validation indépendante », de même que les coûts de maintenance des appareils tout au long de leur durée de vie, lesquels atteindraient les 16 milliards de dollars au lieu des 9 milliards annoncés.

Suite à ce rapport, le gouvernement canadien a pris des mesures, en écartant du dossier le ministère de la Défense, très favorable à l’achat des F-35 et en mettant en place le Secrétariat national d’approvisionnement en chasseurs, chargé d’examiner les coûts d’achat de l’avion de Lockheed-Martin et de voir si un autre appareil peut correspondre aux besoins de l’Aviation royale canadienne.

Et, en septembre dernier, une étude concernant les coûts du programme F-35 a été confiée à la société d’audit comptable KPMG, laquelle vient de rendre ses conclusions, lesquelles ont manifestement ébranlé les certitudes du gouvernement canadienne.

Selon des informations publiées par le National Post, confirmées depuis par d’autres médias canadiens, Ottawa envisage désormais de revenir sur la décision d’aquérir le F-35, les coûts complets sur l’ensemble du cycle de vie de de cet appareil ayant été évalués entre 30 et 40 milliards de dollars, et de lancer finalement un appel d’offres.

« Le cabinet n’a pas pris de décision au sujet des F-35. Le gouvernement compte respecter son plan en sept points » a toutefois fait valoir le directeur des communications du premier ministre Stephen Harper, le 6 décembre.

« Nous sommes déterminés à mener à terme notre plan en sept points dans une démarche exhaustive et transparente pour remplacer la flotte vieillissante des CF-18 du Canada. Le gouvernement fera le point publiquement avant la fin des travaux parlementaires » a pour sa part insisté (à 13 reprises), Jacques Gourde, le secrétaire parlementaire du ministre des Travaux Publics, interrogé sur cette question à la chambre des Communes, le 7 décembre.

Ce plan en 7 points prévoit un réexamen de l’offre portant sur le F-35 et évoque en l’étude d’autres « options », sans plus de précisions. Mais, l’on voit mal, désormais, comment un appel d’offres ne pourra pas être lancé. Cependant, cela ne veut pas dire que l’avion de Lokheed-Martin soit définitivement écarté : il aura seulement à défendre ses chances face à des concurrents, qui peuvent être le F-18 Super Hornet de Boeing, l’Eurofighter ou encore le Rafale de Dassault Aviation.

Mais les chances des constructeurs européens sont minces… Interrogé par l’agence QMI, Robert Bernier, professeur titulaire à l’École nationale d’administration publique (ENAP), basée à Québec, estime peu réaliste qu’Ottawa choisisse un appareil du Vieux Continent.

« Il y a d’autres appareils comme les Rafale en France et Saab Gripen en Suède, mais nous vivons avec l’enjeu de l’interopérabilité avec les Américains » a-t-il expliqué. « C’est déterminant. Nous avons toujours travaillé avec du matériel américain, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, pour cette raison » a-t-il conclu.

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