Une enquête a été ouverte pour identifier les auteurs d’un rapport critique sur l’armée belge

En matière de politique de défense, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. A fortiori quand il s’agit de porter un constat sans concessions sur les conséquences d’une réforme, critiquer une orientation ou pour mettre en garde contre le manque de moyens et le risque de ruptures capacitaires. En juin 2008, la tribune acerbe publiée par Le Figaro et signée par le groupe « Surcouf » avait ainsi donné lieu à quelques tensions…

Et c’est la même chose en Belgique, où la presse a diffusé un rapport critique sur l’état de l’armée belge, intitulé « La Défense, status quaestionis en Quo Vadis? » et présenté comme ayant été rédigé par des officiers supérieurs de l’état-major.

Dans les grandes lignes, ce document a décrit une « armée à la dérive », victime des économies budgétaires à répétition et des réformes l’ayant réduite comme une peau de chagrin au fil des années alors que, visiblement, les efforts n’ont pas été demandés à toutes les autres administrations, la défense ayant dû, par exemple « supporter 90% du dégraissage des fonctionnaires fédéraux » selon un responsable syndical.

Pointant le manque d’équipements et de personnels, parlant d’un « point de non retour » désormais « dépassé », ce rapport a fait quelques vagues en Belgique. Si ses conclusions ont été confirmées par les syndicats de l’armée belge, qu’ils soient marqués ou non politiquement, elles ont été niées par le ministre de la Défense, Pieter De Crem, qui s’est refusé de parler « d’armée à la dérive », tout en accusant les auteurs du document en question d’en être restés à une logique datant de la « guerre froide » et d’obéir à une « sorte de sentiment de bunker. »

En attendant, la publication de ce document a pourtant dû apporter de l’eau au moulin de du ministre belge de la Défense étant donné qu’il a engagé un bras de fer au sein du gouvernement pour éviter 200 millions d’euros de coupes supplémentaires dans son budget.

Cela étant, le document ne manque pas de l’égratigner quand il y est avancé que « trois ans après son lancement, le ‘Plan De Crem’ (ndlr, sa réforme consistant à réduire les effectifs pour l’achat de matériels) n’a pas atteint ses objectifs » et que « ceux-ci ne se réaliseront pas davantage à l’avenir » en raison des restrictions budgétaires.

Quoi qu’il en soit, les auteurs du rapport font, d’après une « source proche du dossier » citée par l’agence Belga, l’objet d’une enquête « qui pourrait avoir des suites judiciaires » dans la mesure où ils auraient commis « bien plus qu’une faute déotonlogique. »

Il leur est notamment reproché d’avoir donné un aspect officiel à leur travaux alors que ces derniers n’avaient fait l’objet d’aucune commande gouvernementale et utilisé un « faux numéro d’identification ».

Pour autant, l’enquête ne devrait pas prendre beaucoup de temps, Pieter De Crem ayant indiqué avoir déjà une « petite idée sur l’origine du rapport. » En tout cas, il est bien probable qu’ils aient été inspirés par le général Delcour, l’ancien chef d’état-major de la défense belge, qui a démissionné cette année en raison d’un différend profond avec son ministre de tutelle.

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