Un rapport décrit une armée belge à la « dérive »

Le gouvernement belge poursuit actuellement ses consultations afin de trouver 4 milliards d’euros d’économies. Comme d’habitude, la tentation est grande de demander aux militaires d’outre-Quiévrain de faire de nouveaux efforts, lesquels se traduiraient par 200 millions d’euros pris sur leur budget.

Seulement, le ministre belge de la Défense, Pieter De Crem, s’y oppose fermement en avançant que son ministère avait déjà assez donné au cours de ces dernières années, avec notamment l’application d’une nouvelle réforme qui a fait passer les effectifs à seulement 34.000 hommes alors que, dans le même temps, l’emploi public a augmenté de 13% (et même de 17% si on enlève l’armée).

Mais il est sans doute trop tard. Dans un rapport confidentiel rédigé par des officiers d’état-major qui a opportunément fait l’objet de fuites dans la presse, il est écrit que « l’assèchement de l’armée ne peut plus être arrêté, le point de non-retour a déjà été dépassé. »

Les auteurs du document n’y vont pas par quatre chemins. Selon eux, « certaines unités terrestres ont un niveau de puissance de feu qui les ramène à celui de l’époque de la guerre de Corée. » Quant au matériel, sa durée de vie « est souvent prolongée avec de la salive, de l’adhésif et du bricolage. »

Le rapport dénonce également certains investissements « onéreux », comme l’achat de nouveaux hélicoptères (ndlr, des NH-90) pour remplacer les anciens Sea King. Leur utilisation « revient à se rendre chez l’épicier du coin de la rue avec une Rolls-Royce », selon le texte, qui conclut que l’armée belge est à la « dérive ».

Pour le syndicat militaire apolitique CGPM, ce rapport est « carrément destructeur pour la Défense ». Et d’exiger « la tenue d’un débat ouvert et public sur la nécessité d’une armée belge » qui doit, le cas échéant, « dépasser les frontières des partis (…) afin de déterminer ce que notre pays désire encore faire en matière de Défense sur le plan international. »

Pour Patrick Descy, responsable d’un autre syndicat militaire, le CGSP, le document en question est « tout à fait correct ». « En douze ans, nous avons perdu 11.000 militaires. Il y a eu 800 millions d’euros d’économie en quatre ans, auxquels s’ajoutent les 200 qu’on vient de nous annoncer. En moins de dix ans, 22% du budget ont été rabotés », a-t-il affirmé sur la chaîne privée RTL-TVI.

En revanche, le ministre de la Défense a réfuté les conclusions du rapport. « L’armée a été réformée de manière fondamentale. Les fondements se sont déplacés et le sens de la marche a changé », a-t-il fait valoir. L’affirmation d’une puissance de feu amoindrie témoigne d’une vision dépassée de la Défense » a-t-il ajouté, soulignant que ce document « a été écrit dans un style qui rappelle la Guerre froide. »

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