Vers un abandon de Louvois? (MàJ)

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé des « mesures exceptionnelles » pour régler, d’ici les fêtes de fin d’année, les incidents de paiement des soldes des militaires, qui concernant surtout ceux de l’armée de Terre.

La cause de ces dysfonctionnements, qui ont plongé un certain nombre de familles dans de de graves difficultés financières, est due au raccordement du SIRH  (système de gestion des ressources humaines) de l’armée de Terre au Logiciel unique à vocation interarmées de solde (LOUVOIS).

Le passage à ce nouveau système n’a (a priori et sous réserves) pas provoqué de problèmes pour le Service de Santé des Armées (SSA) ainsi que pour la Marine nationale. Mais, après les déconvenues constatées pour l’armée de Terre, il a été décidé de reporter la « bascule » de l’armée de l’Air et de la Gendarmerie nationale.

L’idée de raccorder les systèmes de gestion de ressources humaines de chaque armée à un logiciel unique de traitement de soldes n’est pas nouvelle. Déjà, dans les années 1990, un projet de cette nature avait été confié à l’entreprise Sopra, avant de se solder par un échec.

« La définition de la solde interarmées ainsi que l’uniformisation des systèmes et de la réglementation n’étant pas développés, le projet a capoté et été repris en interne » expliquait, en 2009, le commissaire colonel Hugues Olmeda. Finalement, la maîtrise d’œuvre de ce projet sera attribuée à Steria, pour 6 millions d’euros, alors qu’à l’époque, le groupe Logica paraissait mieux placée pour avoir mis en point le SIRH Concerto de l’armée de Terre.

Mais quand l’on voit l’ampleur des problèmes causés par le passage à Louvois, l’on peut se dire que cette affaire a été mal préparée. Pourtant, « l’ensemble des parties prenantes » devait s’assurer de « la réunion des conditions nécessaires à la réussite du déploiement », fixées « par des critères de qualité définis en amont », avec la mise en oeuvre d’un plan de tests comprenant « des opérations de ‘solde en double’ pour comparer entre les deux systèmes (problème, des militaires ont dit n’avoir jamais reçu les deux bulletins pour vérifier) » ainsi que « des répétitions générales du raccordement (…) afin de garantir une maîtrise parfaite du processus de bout en bout de la chaîne RH-soldes. »

Et le ministère de la Défense de préciser : « La prise de décision finale de bascule de l’ancien système vers le nouveau système, ne s’effectue que si toutes les étapes du calcul de la solde sont conformes aux exigences fixées par les critères qualité. Ces critères sont déterminés par chaque armées ou service pour répondre au mieux à leurs spécificités et garantir la qualité de service aux administrés. »

Quoi qu’il en soit, et alors que les premiers dysfonctionnements étaient signalés, l’armée de Terre avait affirmé à l’époque que Louvois n’était pas en cause et que les incidents constatés semblaient « très majoritairement provenir d’absences de vérifications des administrés eux-même ou d’erreurs de saisies par les services administratifs. »

Or, le ministre de la Défense a affirmé que 75 bugs ont été détectés dans le code source de Louvois… Difficile dans ces conditions de l’exonérer de toute responsabilité.

Le site spécialisé MagIT a interrogé à ce sujet un « bon connaisseur du dossier ». Selon ce dernier, le « volet informatique » du problème est « en passe d’être réglé. » Toutefois, a-t-il ajouté, « il reste des difficultés dans la reprise de données, venant tant de systèmes amont que de documents papier. »

Et comme les dysfonctionnements liés à ce logiciel ont provoqué une grosse pagaille amplifiée avec la disparition des CTAC (Centre Territorial d’Administration et de Comptabilité), « il est possible qu’on ne s’en sorte jamais. » Autrement dit, selon MagIT, « qu’il faille abandonner Louvois. »

Mais  l’on n’en est pas encore là. Il faudra encore attendre les résultats deux audits concernant Louvois qui ont été commandés par le ministère de la Défense, l’un à la Direction générale des systèmes d’informations et de communication et l’autre à un cabinet externe.

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