La Royal Navy pourrait finalement garder ses deux porte-avions

En octobre 2010, la Strategic Defence and Security Review (SDSR) fixait un nouveau cap pour les forces armées britanniques. Selon ce document, publié dans un contexte marqué par de fortes contraintes budgétaires, il avait été décidé que la Royal Navy ne disposerait finalement que d’un seul porte-avions de la classe Queen Elizabeth sur les deux initialement commandés, l’autre devant être mis sous cocon, voire revendu.

Mais comme annuler le contrat aurait coûté plus cher que de l’honorer, la construction des deux bâtiments avait été maintenue. En outre, et à fin d’accroître l’interopérabilité avec la Marine nationale et l’US Navy, Londres avait opté, à l’époque, pour le système CATOBAR (Catapult Assisted Take Off Barrier Arrested Recovery), c’est à dire avec des catapultes et des brins d’arrêt, comme les porte-avions de ses alliés.

Et ce choix supposait l’abandon de l’avion dit de 5e génération F-35B STOVL (Short Take Off Vertical Landing) au profit de la version navalisée de l’appareil en cours de développement chez Lockheed-Martin.

Depuis, ces choix ont été remis en cause. Déjà, devant les difficultés techniques et donc financières, Londres est revenu à son projet initial d’acquérir des F-35B. Exit donc la volonté de gagner en interopérabilité avec les Américains et les Français, ces derniers voyant s’envoler des promesses de coopérations prometteuses en matière de capacités aéronavales.

Ce revirement évitait ainsi la coûteuse transformation des porte-avions, qu’il fallait transformer pour permettre l’installation des catapultes et des brins d’arrêt (coût estimé : 2,5 milliards d’euros). D’autre part, cette décision avait aussi l’avantage de faire gagner du temps et d’épargner aux pilotes britanniques la nécessité de se réapproprier des capacités perdues depuis plus de 40 ans alors que le savoir-faire en matière d’appareils STOVL était encore récent, grâce à la mise en oeuvre des avions Harrier.

Et puis, dernier revirement en date : celui annoncé par Philip Hammond, le ministre britannique de la Défense. Lors d’une conférence donnée le 1er novembre par le Royal United Service Institute (RUSI), ce dernier a fait savoir qu’il « mettrait tout son poids » pour que la Royal Navy dispose des 2 portes-avions de la classe Queen Elizabeth d’ici la fin de la décennie.

Pour le moment, aucune décision allant dans ce sens n’a été prise. Il faudra attendre, pour cela, la publication de l’édition 2015 de la SDSR. Mais pour Philip Hammond, le choix de revenir au F-35B ouvre une « possibilité réaliste pour que les deux porte-avions entrent en service » au sein de la Royal Navy. Autrement dit, il est question de revenir aux plans initiaux. Faute de cap précis, l’on est amené des ronds dans l’eau. C’est ce que fait la Royal Navy…

De toute façon, s’il veut maintenir en permanence une capacité aéronavale en mer, le Royaume-Uni n’a guère le choix, étant donné qu’il ne peut plus compter sur une éventuelle coopération avec la France en la matière. C’est d’ailleurs ce qu’a expliqué le ministre britannique. « Dans des circonstances extrêmes, et avec un faible préavis, il serait même possible d’avoir les deux porte-avions en mer en même temps » a-t-il ajouté. De quoi faire rêver à l’Hôtel de la Marine, à Paris…

Selon Philip Hammond, le coût supplémentaire que cela suppose serait « relativement modeste », avec un montant estimé à 70 millions de livres par an. C’est un « investissement extrêmement intéressant », a-t-il fait valoir.

Par ailleurs, la flotte d’avions F-35 devrait être commune à la Royal Air Force et à la Royal Navy. Et le responsable britannique a indiqué que « 12 appareils seraient embarqués lorsqu’un porte-avions sera en mission, avec la possibilité d’augmenter ce format en période de tension », alors qu’avec leurs 65.000 tonnes et leurs 284 mètres de long, les futurs bâtiments, à propulsion classique, seront en mesure de mettre en oeuvre une quarantaine d’aéronefs.

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