Afghanistan : Karzaï pose ses conditions aux Etats-Unis pour l’après 2014

A l’occasion de la Loya Jirga, la grande assemblée traditionnelle, qui rassemble des chefs tribaux et des responsables des 34 provinces afghanes, qui se tient actuellement à Kaboul, le président Hamid Karzaï a évoqué le partenariat stratégique que les Etats-Unis souhaitent établir avec son pays après 2014, date à laquelle, selon la feuille de route de l’Otan, le transfert total de la responsabilité de la sécurité aux forces armées locales sera accompli.

Alors que près de 130.000 soldats étrangers sont aux prises avec l’insurrection tout en assurant la formation des forces de sécurité afghane, le président Karzaï a dit vouloir « la souveraineté » de son pays. Et « Nous la voulons aujourd’hui » a-t-il poursuivi.

« Nous voulons que nos relations avec les Etats-Unis (qui fournissent l’essentiel des effectifs de la Force internationale d’assistance à la sécurité, avec 100.000 hommes) soient celle de deux pays indépendants » a ajouté le président Karzaï.

« Les Etats-Unis sont peut-être plus puissants, plus riches, plus vastes, mais nous sommes des lions (…) un lion déteste que quiconque entre chez lui », a-t-il encore affirmé. Quant au partenariat stratégique entre Washingon et Kaboul, il a déclaré que si les Américains « veulent des bases, nous leur permettrons : c’est à notre avantage, nous recevrons de l’argent et nos forces seront formées. »

Justement, la question financière serait l’un des obstacles des négocations entre Washington et Kaboul concernant ce partenariat stratégique, l’administration américain estimant qu’elle paie déjà bien assez cher pour la formation et l’équipement des forces de sécurité afghanes.

« Serons nous capables de protéger notre pays après 2014? Oui, nous le serons. Dans l’unité nationale. Nous avons besoin de leur aide, c’est vrai, mais à certaines conditions, afin que l’Afghanistan ne soit pas à nouveau piétiné », a continé le président Karzaï.

Et ces conditions passent par l’arrêt des opérations nocturnes menées par les forces américaines et plus généralement par celles de l’Otan, ainsi que par les fouilles des maisons appartenant aux civils afghans. Comme ça, ceux qui apportent un soutien logistique aux insurgés pourront dormir tranquillement…

« Il est dans l’intérêt de l’Afghanistan d’avoir de bonnes relations avec ses voisins (…) il n’y aura d’ingérence dans aucun pays, chez aucun voisin, depuis l’Afghanistan » a encore averti Hamid Karzaï. Si Washington comptait sur des bases installées sur le territoire afghan afin de surveiller ce qu’il se passe en Iran ou pour continuer à mener des frappes aériennes contre al-Qaïda au Pakistan, ce sera manqué.

Les Etats-Unis « ne doivent pas s’ingérer dans nos affaires internes. L’Afghanistan estime que son intérêt national est d’avoir de bonnes relations avec des voisins tels que la Chine, la Russie (…) nous voulons être amis avec eux », a poursuivi le président afghan. Et ce ne sera qu’à ces conditions que sera signé ce partenariat stratégique, qui est « l’intérêt » de Kaboul, selon lui.

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