Afghanistan : Les vérités du général Stanley McChrystal

Voilà maintenant exactement 10 ans que les opérations militaires ont été lancées en Afghanistan. Avec, dans un premier temps, un succès à la clef puisque l’objectif initial qui était de chasser les taliban de Kaboul a été rempli. De même que celui visant à chasser al-Qaïda du pays.

Seulement, ce conflit a connu une seconde phase, amorcée à partir de 2005. A partir de cette date, et pour ne pas avoir tenu le territoire comme il aurait dû l’être, le mouvement taleb, qui s’était réfugié dans les zones tribales pakistanaises, a repris son souffle et a lancé une vaste campagne insurrectionnelle, en adoptant les techniques éprouvées en Irak sous l’impulsion du mollah Baradar, qui était alors le lieutenant du Mollah Omar, avant d’être arrêté par les services pakistanais au moment où il penchait pour une solution négociée avec le président afghan, Hamid Karzaï.

Du coup, la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan, a mis en place des stratégies de contre-insurrection, lesquelles ne peuvent avoir des résultats tangibles que si elles visent à instaurer (ou à restaurer) un pouvoir civil légitime. Ce qui n’est pas forcément le cas des autorités afghanes, minées par des affaires de corruption et dont certains membres sont impliqués dans le trafic d’opium, qui reste la première source de devises du pays.

Résultat, quelques années plus tard et plus de 2.500 soldats de la coalition internationale tués, et en dépit d’efforts considérables, l’avenir de l’Afghanistan apparaît en pointillés, avec un possible retour des taliban au pouvoir si jamais les forces de sécurité afghanes peinent à assurer la sécurité de leur territoire, après le départ prévu en 2014 des forces actuellement placées sous le commandement de l’Otan.

Ancien commandant de l’ISAF (COMISAF), le général américain Stanley McChrystal, contraint de prendre le « chapeau mou » pour avoir critiqué l’administration Obama en juin 2010, n’y est pas allé par quatre chemins pour dire ce qu’il pensait des opérations menées en Afghanistan depuis 10 ans.

Ainsi, devant le Council on Foreign Relations, l’ancien COMISAF a estimé que la coalition internationale a à peine atteint la moitié des objectifs militaire qui lui avaient été fixés, en partie à cause d’une « compréhension terriblement simpliste » de l’Afghanistan.

« Nous n’en savions pas assez et nous n’en savons pas encore assez » a-t-il affirmé. « La plupart d’entre-nous – moi y compris – avions une compréhension très superficielle de la situation et de l’histoire (de l’Afghanistan) et nous avions une vue terriblement simpliste de l’histoire récente » a-t-il admis. Et ce général 4 étoiles a déploré que les forces américaines ne connaissaient pas les langues du pays et n’ont pas fait « un effort efficace » pour les apprendre.

Par ailleurs, le général McChrystal a critiqué l’intervention américaine en Irak, laquelle a eu pour effet de détourner des moyens militaires du théâtre afghan et de changer la façon dont le monde musulman considérait la politique américaine.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]