Sans surprise, la commission Giscard d’Estaing souhaite le maintien de l’Hôtel de la Marine dans le giron de l’Etat

Après des mois de travaux, la commission menée par l’ancien président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, a remis son rapport concernant l’avenir de l’Hôtel de la Marine, où est actuellement logé l’état-major de la Marine nationale, lequel sera transféré, en 2014, avec tous les autres services du ministère de la Défense présents à Paris, à Balard, dans le XVème arrondissement, où sera construit le « Pentagone à la française ».

Devant la polémique suscitée par la perspective que ce bâtiment de prestige réalisé au XVIIIème siècle par l’architecte Jacques-Ange Gabriel pour être le garde-meuble de la Couronne soit confié au promoteur Alexandre Allard, le président Sarkozy avait donc chargé cette commission de lui remettre ses recommandations quant à l’utilisation future de cet édifice.

Etant donné que l’ancien président était hostile à l’idée que l’Hôtel de la Marine puisse être loué à des promoteurs privés en vertu d’un bail très longue durée, c’est sans surprise qu’il a expliqué que les « monuments où se sont sont déroulés des évènements marquants » de l’histoire de France « appartiennent au peuple français ». Et, selon la commission qu’il a présidée, les contraintes budgétaires « ne peuvent d’ailleurs être invoquées pour justifier l’aliénation » de ces édifices.

Aussi, et comme l’avait déjà indiqué le rapport d’étape remis cet été par la commission, il est préconisé que l’Hôtel de la Marine soit confié au Louvre, aidé par une « société publique de capitaux », afin d’en faire « une galerie du trésor français », ayant pour ambition de présenter des collections illustrant « la civilisation et le goût français ».

Outre le Louvre, le Mobilier national, la Manufacture de Sèvres, l’Imprimerie nationale, le Cabinet des médailles et les Arts décoratifs seraient sollicités pour alimenter ces collections. Quant aux 80 millions d’euros que coûterait ce nouveau musée, le rapport de la commission suggère d’installer les sages de la rue Cambon dans une partie des 10.000 m2 que compte l’Hôtel de la Marine, ce qui permettrait à la Cour des comptes de revendre les bâtiments qu’elle occupe actuellement. Des bureaux pourraient aussi être loués.

Pour autant, l’homme d’affaires Alexandre Allard, qui avait de bonnes chances de remporter l’appel à projets lancé en novembre 2010 et d’obtenir ainsi le bail longue durée pour occuper l’Hôtel de la Marine, ne désarme pas. La semaine passée, il a adressé une lettre ouverte à Valéry Giscard d’Estaing, laquelle a été signée par 180 personnalites du monde du spectacle et de la culture (dont Yannick Noah, Johnny Halliday, Isabelle Adjani, Philip Stark, Yann Artus-Bertrand, etc….), pour défendre son projet, appelé « La Royale ».

Qualifiée de « barnum commercial » dans une tribune paru en janvier dans Le Monde et signé par plusieurs intellectuels, dont l’historien Pierre Nora, l’idée d’Alexandre Allard est de faire de l’Hôtel de la Marine un centre artistique prestigieux, avec ses suites de luxe pour les mécènes et les collectionneurs.

« Même si le projet de La Royale, proposé par Alexandre Allard et Renaud Donnedieu de Vabres, peut soulever quelques questions, il a l’immense mérite, par le débat qu’il a suscité, de démasquer la suffisance de conservatismes acharnés et de montrer qu’il existe des voies audacieuses pour refaire de Paris la capitale mondiale de la création », etait-il écrit dans cette lettre, qui dénonce par ailleurs le fait que « face à un monde qui change à une vitesse accélérée, il faut que rien ne change au pays du siècle de Louis XIV et de l’aristocratie d’Etat ».

Il revient désormais au président Sarkozy de décider de l’avenir de l’Hôtel de la Marine, sachant que le bail de 60 à 80 ans qu’il était prévu d’accorder pour s’y installer aurait dû rapporter 300 millions d’euros au budget de la Défense, au titre des recettes exceptionnelles.

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