L’ambassade américaine et le quartier général de l’ISAF visés à Kaboul

A peine un mois après l’attaque suicide contre le siège du British Council à Kaboul, le jour du 92ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance de l’Afghanistan à l’égard du Royaume-Uni (9 tués, dont un membre des forces spéciales néo-zélandaises), un groupe d’insurgés a de nouveau frappé en plein coeur de la capitale afghane, le 13 septembre.

Cette fois, ce sont l’ambassade des Etats-Unis et d’autres représentations diplomatiques, ainsi que le quartier général de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan, qui ont été visés.

Ainsi, un groupe d’assaillants, armés de lance-roquettes et de fusils d’assaut AK-47 ont pris position dans un immeuble en construction situé près du quartier général des services de renseignement afghans (NDS) et qui surplombe, à environ 500 mètres, celui de l’ISAF, lequel fait face à l’ambassade des Etats-Unis. Deux autres kamikazes ont attaqué un poste de police à l’ouest de Kaboul, tandis qu’un autre, portant 7 kg d’explosifs sur lui, a été tué par des policiers sur la route de l’aéroport.

Les combats dans le centre-ville ont duré près de 19 heures et pris fin avec la mort des insurgés retranchés dans le bâtiment en construction. Ces derniers ont tiré des roquettes en direction missions diplomatiques (3 sont tombés dans l’enceine de l’ambassade américaine) et du complexe hautement sécurisé de l’ISAF. Deux hélicoptères américains de type Blackhawk sont intervenus pour les neutraliser.

« Les derniers assaillants sont morts et les combats sont terminés. Il y avait six terroristes dans l’immeuble et tous sont morts » a expliqué Siddiq Siddiqi, le porte-parle du ministère afghan de l’Intérieur. Selon un bilan donné par l’ISAF, 11 civils afghans ont été tués (dont « trois enfants »), de même que 3 policiers, et 19 ont été blessés. Six militaires de l’Otan ont également été touchés.

Cette action a été revendiquée par Zabihullah Mujahid, qui a envoyé un sms à l’Agence France Presse. « Nous menons une attaque suicide massive visant les bureaux des services de renseignements étrangers et afghans » a ainsi indiqué cet individu, présenté comme étant un porte-parole des taliban.

Or, il se trouve que son appartenance au mouvement du mollah Omar n’est pas clairement établie et il semblerait plutôt qu’il soit proche du réseau Haqqani, du nom d’un seigneur de guerre afghan, vétéran de la guerre contre les Soviétiques, qui a établi ses bases dans le Nord-Waziristan, au Pakistan, voire du Hezb-e-Islami de Gulbuddin Hekmatyar, un autre islamiste proche d’al-Qaïda.

Quoi qu’il en soit, cette attaque en plein centre de Kaboul, dans un quartier hautement sécurisé, est une nouvelle preuve de l’infiltration des forces de sécurité afghanes par les insurgés. Sans complicités internes, jamais les assaillants n’auraient pu approcher d’aussi près leurs cibles.

Autre observation : étant donné leur faible effectif de leur commando (à peine une dizaine pour l’ensemble de l’attaque), les kamikazes ne pouvaient pas infliger de lourds dégâts au QG de l’ISAF et à l’ambassade américaine. Il s’agit donc d’une opération ayant un but psychologique, voire médiatique. Les médias parleront de « camouflet » pour l’Otan et les forces afghanes (ces dernières ont la responsabilité de la sécurité à Kaboul), ce qui accréditera l’idée de « bourbier », mot dont les commentateurs sont si friands.

Enfin, si cette attaque a été planifiée par le réseau Haqqani, il est probable qu’elle ait eu aussi pour objectif de torpiller les discrètes négociations entre l’administration américaine et les taliban du mollah Omar. Le quotidien britannique The Times, dans son édition du 12 septembre, a ainsi évoqué le soutien de Washington au projet consistant à ouvrir un bureau de représentation du mouvement taleb au Qatar afin de pouvoir organiser officiellement des négociations en vue d’obtenir un réglement du conflit afghan. Le choix de Doha s’explique par la volonté américaine de s’éloigner de la sphère d’influence pakistanaise.

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