Pour le renseignement américain, la menace vient principalement de la branche yéménite d’al-Qaïda

Le réseau terroriste al-Qaïda n’a pas commémoré le dixième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 en lançant de nouvelles attaques, comme son ancien chef, Oussama Ben Laden, en avait vraisemblablement l’intention, selon les documents retrouvés dans sa ville d’Abbottabad (Pakistan) après l’opération des Navy Seals au cours de laquelle il a été tué.

Au lieu des attentats prévus, donc, l’organisation a dû se contenter d’un message enregistré de son nouveau chef, l’égyptien Ayman al-Zawahiri, diffusé par des forums Internet de la mouvance jihadiste. Au cours des 62 minutes de son intervention, l’ancien lieutenant de Ben Laden a récupéré le « Printemps arabe », qui est, selon lui, une « escalade » de la guerre sainte et prédit « un sombre hiver » pour les Etats-Unis.

Al-Qaïda « soutient les révolutions arabes et espère qu’elles établiront un islam authentique et des gouvernements fondés sur la charia », a indiqué al-Zawahiri, qui a également rendu hommage à son prédecesseur. Il « a prouvé par son martyre, comme de son vivant, que l’Amérique n’affrontait pas une personne, un groupe ou une communauté mais l’ensemble de la nation islamique, en révolte » a-t-il ainsi affirmé.

Cependant, et ce n’est un secret pour personne, le noyau dur de l’organisation fondée par Ben Laden a subi d’importantes pertes au cours de ces dernières années. Pour le général David Petraeus, devenu le patron de la CIA, cela a créé « une grande brèche » dont « l’exploitation va exiger un effort important et soutenu ». Et de préciser, devant une commission du Sénat américain, le 13 septemnbre, que « que dix ans après les attentats du 11-Septembre, les Etats-Unis sont toujours sous la menace grave d’Al-Qaïda et de toutes ses filiales et sympathisants ».

Pour autant, ce n’est pas tant al-Qaïda « canal historique » qui préoccupe le plus les responsables du renseignement américain. Ainsi, pour son directeur, James Clapper, la branche yéménite du réseau – al-Qaïda pour la péninsule arablique, AQPA – est « un ennemi caractérisé ». Pour le général Petraeus, elle « est devenue l’une des entités régionales les plus dangereuse du jihad dans le monde ».

Le fait est, et hormis la tentative avortée d’attentat à la voiture piégée à Times Square, le 1er mai 2010, dont les commanditaires se trouveraient au Pakistan, les plus grandes menaces qui ont visé les Etats-Unis au cours de ces derniers mois viennent d’AQPA.

Ainsi, le commandant psychiatre, Nidal Hasan, auteur de la tuerie de Fort Hood en novembre 2009 (13 tués parmi les militaires américains), était en relation avec l’imam al-Aulaqui, figure de la branche yéménite d’al-Qaïda. Cette dernière est derrière le projet d’attaque suicide contre le vol Amsterdam-Detroit, ayant impliqué, le jour de Noël de la même année, un jeune ressortissant nigérian. Sans oublier l’affaire des colis piégés envoyés aux Etats-Unis en octobre 2010.

« Nous nourrissons une réelle inquiétude sur la capacité de ce groupe à conduire de nouvelles attaques sur le sol américain et contre des intérêts américains à l’étranger, ainsi que sur sa capacité à poursuivre sa propagande auprès des extrémistes vivant dans les pays occidentaux pour qu’ils agissent dans leur propre pays », a précisé le directeur national du renseignement, James Clapper (DNI).

Influencée par le cheikh Abdel Majid al-Zindani et l’imam al-Aulaqui, AQPA est implantée depuis longtemps au Yémen, pays où le destroyer USS Cole avait été la cible d’un attentat en octobre 2000.

Depuis le début des contestations qui visent le régime du président Saleh, lequel est également confronté à une rébellion chiite dans le nord et à des tensions séparatistes dans le sud, al-Qaïda dans la péninsule arabique a conforté sa présence au Yémen, pays qu’elle utilise pour mener des actions en Arabie Saoudite.

Ainsi, 230 soldats de l’armée yéménite, ainsi que 50 combattants issus de tribus, ont été tués au cours des trois derniers mois lors de combats avec des militants d’AQPA dans la province d’Abyane, où ces derniers avaient conquis la ville d’Abyane, en mai dernier.

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