Les taliban mis en déroute dans la province de Kandahar

Est-ce la raison qui expliquerait l’ouverture de discussions entre le gouvernement afghan et des groupes insurgés, dont le groupe Haqqani et la choura de Quetta du Mollah Omar? Toujours est-il que les combattants taliban sont en difficulté dans la province de Kandahar, leur bastion historique.

Depuis le printemps dernier, les forces de l’Otan et celles de l’armée nationale afghane ménent l’opération Hamkari. A la fin du mois de septembre, cette dernière est entrée dans une nouvelle phase avec l’offensive appelée Dragon Strike (Frappe du dragon) dans les districts de Zhari, Panjwayi et Arghandab, afin de bloquer la voie de la ville de Kandahar aux taliban et de les en déloger.

Et, selon le New York Times, les forces de l’Otan, principalement américaines, et afghanes ont marqué des points car bon nombre d’insurgés se seraient repliés vers le Pakistan voisin et la rupture de leur chaîne logistique rend plus difficile la pose de bombes artisanales.

Pour autant, les responsables de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan, se veulent prudents. Par le passé, les taliban s’étaient aussi repliés, voire fondus au sein de la population, pour mieux revenir par la suite et mener des actions de harcèlement. C’est ce qu’il s’est notamment passé à Marjah, dans la province du Helmand, en février dernier. Et qui plus est, ils avaient été averti à l’avance de la tenue de l’opération visant le secteur.

Cependant, quelques signes donnent à penser que les insurgés ont vraiment subi de sérieux revers. Ainsi, selon lieutenant-colonel Roger Lemons, le commandant la Task Force 1-66 à Arghandab cité par le New York Times, les attaques des taliban ont diminué de 50 à 15 par semaine depuis le mois d’août. Sans doute que l’arrivée de la saison froide y est pour quelque chose mais pour l’officier américain, il semblerait plutôt que « le coeur n’y est plus » chez les insurgés. « Beaucoup ont été tués et ils ne reçoivent pas de soutien de la part de la population locale. Ils se plaignent même que les civils n’enterrent plus leurs morts » a-t-il déclaré.

Par ailleurs, il semblerait que des commandants taliban ne soient plus enclin à suivre les ordres venus des dirigeants du mouvement, et notamment du mollah Omar, lequel leur ordonnerait de poursuivre le combat. Pour les policiers et officiels afghans interrogés par le quotidien américain, l’insurrection a été « sévèrement affaiblie ». « Nous lui avons brisé le cou » a ainsi affirmé Hajji Niaz Muhammad, le chef de la police dans le district d’Arghandab.

Pour arriver à leurs fins et toucher les repaires des taliban, les forces de l’Otan ont vraisemblablement utilisé le système HIMARS (High Mobility Artillery Rocket System), capable de toucher une cible avec une extrême précision. Cet armement leur aurait ainsi porté de rudes coups. De même que les raids ciblés des forces spéciales contre les commandants insurgés.

« Les Afghans vous le diront : si vous avez la paix à Kandahar, vous aurez la paix en Afghanistan » a résumé le général Nick Carter, le commandant des forces de l’Otan dans la province. Et comme cette région est le berceau des taliban et de leur insurrection, un succès peut être déterminant pour la suite des opérations.

D’où, peut-être, les discussions entre les insurgés et le gouvernement afghan, favorisées par l’Otan, qui a donné des assurances à leurs émissaires de ne pas être inquiétés pendant leur séjour à Kaboul. Pour mémoire, aussi bien les taliban de la chourra de Quetta que le réseau Haqqani avaient toujours refusé de négocier quoi que ce soit tant qu’il y aurait des troupes étrangères en Afghanistan.

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