Le Royaume Uni revoit ses priorités en matière de défense et de sécurité

Au cours de ces dernières années, le ministère britannique de la Défense (MoD) a quelque peu manqué de rigueur dans la gestion de son budget. Ainsi, selon un rapport de le National Audit Office, soit l’équivalent de la Cour des comptes française, son budget équipement a grimpé de 3,3 milliards de livres lors des 12 derniers mois du gouvernement travailliste de Gordon Brown. Seulement voilà, ces sommes n’avaient été financées.

Ce qui a fait dire à l’actuel ministre conservateur de la Défense, Liam Fox, que « le gouvernement précédent a laissé le MoD dans une situation impossible, ayant commandé des équipements pour lesquels l’argent n’était pas là. Et selon lui, il faudrait 38 milliards de livres sur les 10 ans à venir pour financer le tout, alors même que alloué aux forces armées britanniques est de 37 milliards par an.

Cette inflation des coûts est notamment dû à l’avion de combat Eurofighter Typhoon (+2,7 milliards) mais aussi aux inévitables surcoûts liés à l’étalement de certains programmes, comme celui de l’appareil de surveillance maritime Nimrod MRA4 (+789 millions) ou encore celui des deux porte-avions attendus par la Royal Navy (+1,56 milliards de livres). Une situation qui n’est pas sans rappeler celle du ministère français de la Défense, avant la publication du Livre blanc de 2008 et les réformes qui en ont découlé, même si elle n’atteint pas la même ampleur.

A la décharge du MoD, il faut dire que les interventions britanniques en Irak et en Afghanistan ne l’ont pas aidé à financer ses programmes d’équipement. D’où des décisions prises sous la contrainte consistant à décaler des projets, où à en réduire l’importance sans pour autant en faire baisser la note.

Et à un moment où la tendance en Europe est à la rigueur budgétaire, cette situation ne peut plus durer et le MoD, comme les autres ministères, devra se serrer la ceinture et faire des choix, quitte à raviver le débat sur la question du rang d’acteur global de la Grande-Bretagne et de susciter l’inquiètude de son allié américain, qui, quoi que l’on puisse lire ici ou là, a besoin de partenaires militaires crédibles (l’Afghanistan et l’Irak sont d’ailleurs les meilleurs exemples pour le démontrer).

Mais avant de tailler dans le vif, il convient d’évaluer les menaces qui pèsent sur le pays. C’était le but de l’audit concernant la National Security Strategy (NSR, Stratégie pour la sécurité nationale), qui a été rendu public le 18 octobre.

Le document ne s’embarrasse pas de ménager les suceptibilités de l’ancienne majorité travailliste car, en préambule, l’actuel Premier-ministre, David Cameron et le vice-Premier ministre libéral démocrate Nick Clegg, ont dénoncé la « structure de défense et de sécurité totalement inadaptée au monde dans lequel nous vivons », héritée après les années de pouvoir de Tony Blair et de Gordon Brown, ainsi qu’une posture et des matériels « dignes de la guerre froide ».

Cela étant, le rapport, qui mélange défense nationale et sécurité intérieure, a établi des priorités entre les différentes menaces pesant sur le Royaume-Uni. Ainsi le terrorisme international reste est classé dans les premières positions, de même que les cyberattaques.

Viennent ensuite les crises internationales, telles que le monde en a connu depuis maintenant 20 ans (Balkans, Irak, Afghanistan, et qui pourraient impliquer militairement le pays et ses alliés, les catastrophes naturelles et les pandémies, ainsi que le crime organisé.

Enfin, les stratèges britanniques estiment que la menace d’une invasion du Royaume-Uni ou d’un de ses alliés n’est qu’un risque de niveau 3, même si la question des Malouines/Falklands s’est à nouveau posé récemment.

A partir de ce constat, des choix pour les forces armées britanniques ont été faits, en fonction toutefois de la situation budgétaire du pays. Alors que les autres ministères verront leur dotation baisser globalement de 20% voire de 25%, le MoD sera relativement épargné, avec une diminution de son budget de 7 à 8%. Si cette baisse est tout de même importante, elle est toutefois limitée par rapport au 10-15% qui étaient attendus.

Cela étant, cette réduction des crédits a nourri le débat en coulisse au sujet des arbitrages à faire. Quelques pistes ont été révélées par la presse et, visiblement, la Royal Air Force devrait y perdre quelques plumes, ce qui a fait dire à l’un de ses responsables, l’Air Marshal Tomothy Anderson, qu’elle « serait incapable de répondre effectivement à un attaque du type de celle du 11 septembre ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]