Le général Palomeros critique le report de la rénovation des Mirage 2000D

Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale publié en 2008 avait recommandé la rénovation des 77 Mirage 2000D actuellement en service au sein de l’armée de l’Air. Seulement, avec la contribution de 3,6 milliards d’euros du ministère de la Défense à l’effort visant à réduire les déficits publics, il a fallu faire des choix, même si cette somme sera en partie compensée, dit-on, par la vente de biens immobiliers et de fréquences hertziennes.

Pour compliquer l’équation, et étant donné que le Rafale n’a pas été encore vendu à l’exportation, l’Hôtel de Brienne a bien été obligé de commander 11 exemplaires de plus que prévu afin de maintenir les lignes de production de Dassault Aviation. Du coup, la rénovation de la flotte de Mirage 2000D attendra des jours meilleurs.

C’est ce qu’a expliqué Hervé Morin, le 5 octobre, devant la commission Défense de l’Assemblée nationale : « le risque principal concerne l’absence de vente de Rafale à l’étranger. Si nous devons commander 11 Rafale pendant les deux années qui devaient être couvertes par l’export, il faudra trouver un milliard d’euros de plus. Si nous avons auparavant engagé la rénovation des Mirage 2000D, il sera impossible de trouver cette somme. Je renonce à la rénovation pour préserver un équilibre, certes précaire, mais surtout pour ne pas obérer l’avenir ».

Seulement, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), le général Jean-Paul Palomeros, n’est pas sur la même longueur d’onde. Invité à son tour devant la même commission, le 13 octobre, il a plaidé pour la rénovation des Mirage 2000D, « afin de permettre aux flottes d’avions de combat françaises de respecter, à l’horizon 2020, un format cohérent avec nos objectifs stratégiques » et cela, avec « un coût unitaire modeste, de l’ordre de 10 millions d’euros par appareil », étant donné que « le contribuable a déjà consenti l’essentiel de l’effort pour cette flotte ».

« Cette remise à niveau permettra au Mirage 2000D d’assurer aussi bien les missions de police du ciel, de guerre électronique, de frappes à longue distance que d’appui-feu au profit des troupes au sol jusqu’en 2025 » a expliqué le CEMAA, alors même que le retrait des Mirage F1 et 2000C a d’ores et déjà commencé.

Entre parenthèses, les Mirage F1 CR sont les seuls appareils de l’armée de l’Air à être équipés du pod analyseur localisateur d’émissions électromagnétiques ASTAC. Leur retrait risque d’être préjudiciable pour les capacités de renseignement électromagnétique et affecter la DRM (Direction du renseignement militaire).

Pour en revenir au Mirage 2000D, le général Palomeros a estimé « qu’ainsi rénové, cet appareil aurait des performances en accord avec ses 15 années de potentiel, et serait le complément indispensable de notre aviation de combat, dont la montée en puissance doit s’étaler jusqu’en 2019 ».

Et quant au report de leur remise à niveau, voilà ce qu’il en pense : « Il est bien certain que ce n’est pas en reportant chaque année les décision qu’on améliore les choses! Je rappelle que la rénovation à mi-vie des Mirage 2000D ne résulte pas d’une décision de l’armée de l’Air mais a été débattue dans le cadre du Livre blanc et dans divers forums ».

Et cette décision pourrait avoir de fâcheuses conséquences car elle serait de nature à fragiliser la structure de l’armée de l’Air, car « en partant d’une logique d’optimisation des flottes, l’aviation de combat devrait reposer sur deux pieds : une flotte ancienne modernisée et une flotte moderne en pleine croissance. C’est une assurance-vue d’un coût modéré permettant le maintien de compétences dans notre industrie. Nous aurons une période délicate à gérer sur les compétences ne sont pas prises en compte avec la rénovation des Mirage 2000D. »

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