Que s’est-il passé à la base Imam Ali en Iran?

Le 12 octobre, l’agence officielle Irna rapportait qu’une explosion avait eu lieu à la base iranienne Imam Ali, près de Khorramabad, dans l’ouest du pays. Selon le dernier bilan avancé, l’incident aurait fait 18 tués et 14 blessés.

La version officielle fournie par les autorités iraniennes explique qu’un incendie s’est propagé à l’intérieur de la base et a atteint un dépôt de munitions, d’où l’explosion. Seulement, la base Imam Ali n’est pas une installation militaire comme les autres puisque c’est là que sont stockés une partie des missiles balistiques moyenne portée Shahab-3, ceux-là même que Téhéran pourrait utiliser contre des cibles israéliennes.

Les installations de la base Imam Ali sont en partie souterraines. Il s’agit, pour les Gardiens de la Révolution, maîtres des lieux, de pouvoir remplir les réservoirs de leurs missiles à propulsion liquide à l’abri des regards indiscrets, c’est à dire des moyens de surveillance israéliens et américains. En effet, une telle opération peut prendre au moins une heure avant le lancement. Juste assez de temps pour se faire repèrer et dévoiler ses intentions.

L’on pourrait se contenter de la version officielle iranienne pour expliquer cet incident. Seulement, il est difficilement imaginable qu’un incendie puisse se propager sur une base aussi sensible et atteindre un dépôt de munitions : cela voudrait dire que les Gardiens de la Révolution n’ont pris aucune mesure de sécurité pour éviter ce genre de chose. Cela étant, difficilement imaginable ne signifie pas pour autant impossible.

Cette explosion, qui a donc touché une base de missiles, a eu lieu la veille de la visite du président Ahmadenijad au Liban, avec une excursion à quelques kilomètres seulement de la frontière avec Israël, pays qu’il a juré de « rayer de la carte ». Simple coïncidence?

Cet incident s’est produit aussi 48 heures après la grande parade militaire nord-coréenne (briefing du 17/10), où des missiles balistiques ont été sortis pour l’occasion. Ainsi, selon le blog Arès (Aviation Week), les observateurs ont remarqué le BM25 Musudan. Dérivé du SS-N6 russe et d’une portée de 3.000 à 4.000 km, cet engin est mobile puisque sa plate-forme de lancement est montée sur un camion. Et d’après les services israéliens, il aurait déjà été livré à l’Iran. Ce qui en soit ne serait pas une surprise : les programmes balistiques nord-coréen et iranien sont intimement liés (le Shahab-3 est inspiré du Nodong). Toujours est-il que la présence de cette arme dans l’arsenal iranien modifierait la donne car elle augmenterait le nombre de cibles potentielles de Téhéran.

Par ailleurs, l’on sait que les ingénieurs iraniens travaillent pour maîtriser la propulsion solide et mettre au point de systèmes multiétages pour leurs missiles. Auraient-ils franchi une nouvelle étape, significative et lourde de conséquences? D’où l’hypothèse d’une action extérieure contre la base Imam Ali, décidée pour détruire de nouveaux modèles de missiles.

Car même si Téhéran a démenti tout attentat, il n’en reste pas moins, selon certaines sources, qu’une enquête aurait été ouverte pour savoir comment des intrus ont pu pénétrer à l’intérieur d’une des installations militaires sans doute la mieux gardées du pays.

Cette éventualité – car il est difficile d’avoir des certitudes en la matière – est renforcée par la succession d’incidents qui ont frappé les programmes nucléaire et balistique iraniens au cours de ces derniers mois, et dont la propagation du ver informatique Stuxnet est l’un des derniers avatars.

D’après le Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), les services américains et israéliens ne sont pas inactifs pour contrer les initiatives iraniennes dans ces domaines. L’on sait, par exemple, qu’une opération a consisté à vendre à l’Iran des renseignements scientifiques volontairment truffés d’erreurs par le biais de personnes manipulées. Cela aurait conduit à des retards significatifs dans les programmes militaires iraniens.

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