Des missiles Patriot en Pologne

Au cours du dernier mandat du président George W. Bush, les Etats-Unis avaient conclu un accord avec la Pologne et la République tchèque afin d’installer sur leur territoire des éléments du bouclier antimissile américain.

Ce projet avait alors constitué une pomme de discorde entre Washington et Moscou. Pour les Russes, en effet, la défense antimissile est de nature à remettre en cause l’efficacité de leur force de frappe nucléaire, qui compense leur faiblesse relative en matière d’armements conventionnels, et il leur est toujours difficile à admettre de voir leur ancienne sphère d’influence leur échapper.

Quand l’administration Obama a revu et corrigé le projet de bouclier antimissile en réévaluant la menace balistique iranienne, il n’était plus question de déployer les 10 missiles intercepteurs longue portée en Pologne et un radar République tchèque, comme il était initialement prévu.

Seulement, et même si certains observateurs ont vu dans cette décision un facteur pouvant améliorer les rapports russo-américains, Washington a toujours eu l’intention d’installer en territoire polonais des missiles intercepteurs, toutefois différents par rapport à ceux du projet initial. Au moment de l’annonce de la révision du projet de bouclier antimissile, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, avait d’ailleurs bien précisé que des négociations allaient être entamées à ce sujet.

Finalement, et après la ratification par Varsovie, en février dernier, de l’accord SOFA régissant la présence de militaires américains sur son sol, une batterie de missiles intercepteurs de courte et moyenne portée de type SM-3 Patriot ont été déployés, depuis cette semaine, sur la base polonaise de Morag, située à 60 kilomètres seulement de l’enclave russe de Kaliningrad.

Normalement, cette batterie, servie par 150 soldats américains, doit être déployée quatre fois par an pour une durée d’un mois. Officiellement, il s’agit de former les militaires polonais à s’en servir, compte tenu du fait que Varsovie a fait part de son intention de se doter de missiles Patriot.

Comme l’on pouvait s’y attendre, la Russie a vivement réagi à ce déploiement. « Semblables activités militaires ne contribuent pas à consolider notre sécurité mutuelle, à promouvoir des relations de confiance et de prévisibilité dans cette région » a ainsi déclaré, ce 26 mai, un porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

« Nous notons avec regret que nos questions aux parties polonaise et américaine sont restées sans réponse, de même que nos arguments en faveur d’un déplacement provisoire de la région de déploiement le plus loin possible des frontières russes » a-t-il ajouté, alors que Varsovie a justifié le choix de la base de Morag par la qualité de ses infrastructures, et non pour sa proximité avec l’enclave de Kaliningrad.

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