DCNS a de l’ambition

Présenté le 8 décembre par son PDG, Patrick Boissier, le plan stratégique de DCNS, appelé Championship, fixe des objectifs ambitieux. Ainsi, il est question de doubler le chiffre d’affaire d’ici à 2018, pour le porter à 5 milliards d’euros et d’augmenter la compétitivité du constructeur naval de 30% et de faire passer sa marge opérationnelle de 7,5% à 10% en 3 ans.

Actuellement, la Marine nationale assure 70% de l’activité de DCNS, dont le capital est détenu à 70% par l’Etat et à 30% par Thales. Or, les prévisions montrent que cette part va diminuer au cours des prochaines années. D’une part, le marché de la construction de nouveaux bâtiments pour la Royale est appelé à baisser significativement dans les dix ans qui viennent compte tenu du fait que la flotte sera quasiment renouvellée, de même que le chiffre d’affaires tiré des activités de maintenance, étant donné que les navires modernes demanderont un entretien moins coûteux que les anciens.

Cette perspective, conjuguée avec l’annonce des réductions de coûts, n’enchante pas les syndicats, dont la CFDT. « Sachant que les commandes de l’Etat vont baisser, qu’on est mis en concurrence sur l’entretien des navires, c’est assez inquiétant » a indiqué ce dernier.

Seulement, pour atteindre les objectifs du plan Championship, Patrick Boissier compte sur le marché international de la construction navale militaire, lequel pèse 3 milliards d’euros par an. Actuellement, DCNS détient 17% de parts de marché au niveau mondial, grâce aux frégates FREMM et aux sous-marins Scorpène. Il s’agira donc pour le groupe d’être plus performant à l’export afin de moins dépendre des commandes de la marine française. Ces dernières devraient, selon le patron du constructeur naval, ne représenter que 30% à l’avenir.

Par ailleurs, et toujours dans l’idée d’augmenter son chiffre d’affaires, DCNS va s’intéresser à de nouveaux marchés. Le nucléaire civil en fait partie. « Des acteurs comme Areva ou EDF ont besoin de partenaires pour prendre la responsabilité de sous-ensembles ou fournir des équipement et des prestations de service. DCNS a des compétences : nous avons mis en oeuvre 18 centrales nucléaires mobiles avec nos sous-marins et porte-avions! » a déclaré Patrick Boissier dans un entretien accordé Figaro économie. Enfin, le constructeur naval compte également proposer des offres dans le domaine des énergies renouvelables, considéré comme étant « un relais de croissance à long terme ». Là, ce sont 100 millions d’euros de chiffre d’affaires qui sont attendue, d’ici 10 ans, pour cette filière.

Quant à l’objectif de réduction des coûts, le plan Championship prévoit de simplifier l’organisation du groupe et de tailler dans les dépenses de certaines fonctions. De plus, le nombre de fournisseurs de DCNS, qui est actuellement de 8.000, est appelé à être divisé par deux, la priorité allant vers la recherche de partenariats sur le long terme. Pour autant, il n’est pas question pour le groupe de produire des navires dans des pays à bas coûts, comme d’éventuels investissements en Pologne, dont l’annonce a été faite le mois dernier, pourraient le suggérer.

Quoi qu’il en soit, le plan Championship ne prévoit apparemment pas d’alliance avec un autre chantier naval. La piste de STX France, avec qui DCNS construit les bâtiments de projection et de commandement (BPC) de la classe Mistral n’est pas d’actualité, tout comme celle de l’allemand TKMS. Il faut dire que l’industrie navale militaire ne se prête pas à des alliances extra-nationales, chaque pays européen en faisant une question d’indépendance nationale. Seulement, la restructuration de ce secteur au niveau européen ne pourra pas infiniment être retardée et DCNS compte bien être prêt pour saisir une opportunité d’alliance.

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