La confiance affichée du général McChrystal

Parmi les options qu’il avait soumises au président Obama, le général McChrystal, le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) et des troupes américaines en Afghanistan, aurait souhaité 80.000 soldats en renfort. Au final, il n’en disposera que d’à peine la moitié, du moins pour le moment, pour mettre en oeuvre la stratégie de contre-insurrection qu’il préconise.

Cependant, lors d’une audition devant la commission des forces armées du Sénat américain, le 8 décembre, l’officier a estimé que les nouvelles troupes attendues vont « permettre de renverser la tendance de la rébellion et de couper l’accès des taliban à la population dont ils dépendent pour leur survie ». Le général McChrystal s’est même montré optimiste quant aux chances de succès.

« Cette mission n’est seulement importante : elle est aussi à même de réussir » a-t-il déclaré avant d’estimer qu’à l’été 2011, soit avant la date de retrait des forces américaines annoncée par le président Obama, « les Afghans constateront que la rébellion ne peut l’emporter, ce qui leur donnera la chance de se placer du côté de leur gouvernement ».

Seulement, le fait que la nouvelle stratégie afghane, détaillée le 1er décembre par le locataire de la Maison Blanche, soit soumise à un calendrier de retrait suscite la polémique. D’autant plus que la date évoquée correspondra au début de la prochaine course présidentielle outre-Atlantique. Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, y était hostile, comme le raconte la presse américaine, avant de changer d’avis après avoir obtenu qu’elle soit assortie de certaines conditions.

« Ce qui est différent de l’Irak, c’est que nous devons communiquer aux Afghans l’idée d’une certaine urgence à ce qu’ils prennent leurs responsabilités » a ainsi justifié M. Gates, le 6 décembre, à l’antenne de la chaîne télévisée NBC, tout en réfutant l’idée selon laquelle l’annonce d’une date de retrait des troupes américaines renforcerait la détermination des insurgés. « Que vont-ils faire? Vont-ils devenir plus agressifs qu’ils ne le sont déjà? Je ne crois pas qu’ils en aient les moyens » a-t-il estimé.

De date de retrait, le général McChrystal n’en voulait pas non plus. En tout les cas, et selon ses déclarations devant la commission parlementaire, ce n’est pas lui qui a recommandé cette date, qui, selon lui, pourrait être utilisée par les taliban pour leur propagande. Mais d’un « point de vue militaire », le commandant de l’ISAF a assuré qu’elle ne posait pas de problème.

Par ailleurs, le général McChrystal a estimé que la « neutralisation » d’Oussama ben Laden est nécessaire – mais sans doute pas suffisante – pour vaincre le réseau terroriste al-Qaïda. « Je ne pense pas qui nous puissions al-Qaïda tant qu’il ne sera pas capturé ou tué » a-t-il ainsi déclaré. « Je pense que c’est une icône à ce stade, dont la survie conforte al-Qaïda en tant qu’organisme franchiseur au niveau international » a-t-il estimé.

Mais la traque du chef terroriste n’est pas du domaine de l’officier américain, sauf si, d’aventure, il venait à s’aventurer de nouveau en Afghanistan, comme l’a récemment suggéré James Jones le conseiller à la sécurité nationale du président Obama.

La confiance du général McChrystal rejoint aussi celle de Robert Gates. « Chaque pièce du puzzle se met en place pour parvenir à un succès ici » a-t-il déclaré, le 8 décembre, lors d’une visite en Afghanistan au cours de laquelle il a rassuré le président Karzaï en promettant que les Etats-Unis n’abandonneront pas brutalement son pays.

Mais ces déclarations optimistes ont été contrastées par les propos tenus la veille par l’amiral Mike Mullen, le chef d’état-major de l’armée américaine. « Nous ne gagnons pas, ce qui signifie que nous perdons, et, plus nous perdons, plus les insurgés (ndlr: afghans) recrutent facilement » a-t-il affirmé à Camp Lejeune. « 2010 sera une année de violence. C’est la période la plus dangereuse que j’au eu à voir en quarante ans de métier » a-t-il poursuivi, tout en prédisant « un nombre de victimes plus important ». « C’est ce qui s’est passé lors de l’envou de renforts en Irak, c’est ce qui va se passer avec les renforts que l’on va envoyer en Afghanistan » a-t-il conclu.

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