La Russie accuse l’Ukraine d’avoir envoyé des combattants en Géorgie

La situation intérieure russe n’est pas conforme à ce que l’on pourrait attendre d’une grande puissance. Le pays est frappé, avec retard, de plein fouet par la crise économique dont les pays occidentaux commencent à peine à sortir, si l’on en croit quelques signaux encourageants. Le PIB de la Russie a chuté de 11% au second trimestre 2009, soit plus que les prévisions les plus pessimistes, et le rouble s’est considérablement déprécié.

Il est estimé que 40% de la population russe vit dans la pauvreté. D’ailleurs, la Russie est confrontée depuis quelques temps à un déclin démographique notable (-700.000 habitants chaque année), lié notamment à une espérance de vie faible (moins de 60 ans pour les hommes) et à une natalité insuffisante. S’ajoute à ce tableau sombre la persistance de la violence dans certains territoires, comme par exemple dans le Caucase russe, où la sécurité s’est dégradée, contrairement à la proclamation de l’arrêt des mesures antiterroristes en Tchétchénie, en avril dernier.

Pour assurer un statut de grande puissance, il reste donc à la Russie de s’affirmer militairement et de peser sur la scène internationale. Là encore, il est difficile de dire qu’elle collectionne les succès. L’affaire géorgienne de l’été 2008 a montré les déficiences de l’armée russe, même si elle a fait plier son adversaire en quelques jours. Diplomatiquement, si elle tient encore en main quelques leviers, aucun pays de sa zone d’influence, c’est à dire les républiques de l’ex-URSS, ne l’ont suivi pour reconnaître l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, les deux régions autonomes géorgiennes par lesquelles la crise de l’an passé est arrivé.

Faute d’avoir les véritables moyens de la puissance mondiale qu’elle veut être, la Russie donne alors de la voix. A commencer contre l’Otan, accusée de vouloir l’encercler en acceptant l’adhésion en son sein de l’Ukraine et de la Géorgie, deux pays que Moscou voudrait bien faire entrer dans le rang, c’est à dire dans son giron. D’ailleurs, le Kremlin n’hésite pas à les mettre dans le même sac. Il faut dire aussi que leurs dirigeants respectifs affichent contre Moscou une certaine solidarité.

Plusieurs fois, au cours de cet été, Moscou s’en est pris verbalement aussi bien à Kiev que Tbilissi. Le 11 août dernier, Dmitri Medvedev, le président russe, a reproché la politique « anti-russe » menée, selon lui, par son homologue ukrainien. Et pour mieux souligner la collusion entre l’Ukraine et la Géorgie, la Russie a accusé, Kiev, la semaine passée, d’avoir envoyé des volontaires combattre l’armée russe en Géorgie en 2008. Cette accusation fait suite aux allégations selon lesquelles l’Ukraine aurait également fourni des armes à l’armée géorgienne.

« Des soldats des détachements réguliers du ministère ukrainien de la Défense et au moins 200 membres de l’organisation nationaliste UNA-UNSO ont participé à l’agression armée contre l’Ossétie du Sud » a ainsi affirmé le bureau du procureur général de Russie, le jour même de l’anniversaire de l’indépendance ukrainienne. Selon les Russes, des uniformes et des documents de l’UNA-UNSO auraient été même retrouvés.

L’origine de l’organisation paramilitaire UNA-UNSO remonte au début des années 1990. Ses militants avaient alors mené quelques actions contre les nationalistes russes en Ukraine à cette époque. Ce mouvement, qui compte 10.000 adhérents, a soutenu le président Victor Iouchtchenko au moment de la Révolution orange de 2004. Enfin, l’UNA-UNSO aurait même envoyé des combattants en Tchétchénie pour y aider les rebelles contre l’armée russe.

Photo : Défilé de membres de l’UNA-UNSO

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