Afghanistan : L’optimisme de Richard Holbrooke

La mission des forces de l’Otan et de l’opération sous commandement américain Enduring Freedom (Liberté immuable) déployées en Afghanistan est, on le sait, loin d’être facile et le chemin sera encore long avant que ce pays, en guerre maintenant depuis plus de 30 ans, soit stabilisé, avec des institutions qui fonctionnent et une insurrection islamiste réduite au silence.

Exemple de la difficulté de cette tâche : le dernier scrutin présidentiel du 20 août dernier. Déjà, la tenue de cette élection est un succès et le déchaînement de violence promis par les taliban pour empêcher ce vote n’a pas eu lieu. Sur le plan sécuritaire, cette journée électorale n’a été ni plus ni moins comme les autres. Seulement, le taux de participation n’a pas été aussi élevé qu’espéré et les fraudes n’ont semble-t-il pas manqué.

Cela étant, sur le terrain, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour l’Afghanistan et le Pakistan, Richard Holbrooke, a estimé, le 31 août, lors d’un entretien diffusé par la chaîne France 24, que les troupes de la Force internationale d’assitance à la sécurité (ISAF) ont porté de rudes coups aux insurgés islamistes.

« Les forces de la coalition incluant les Américains et les Britanniques ont causé des dommages importants aux taliban, les désorganisant, saisissant des caches majeures d’opium et d’héroïne, ainsi que du matériel pour produire la drogue. Ils sont vraiment réussi à faire reculer la culture des stupéfiants, reprenant beaucoup de zones qui étaient des fiefs acquis aux taliban » a-t-il affirmé. « La population les a accueillis avec un grand enthousiasme » a-t-il ajouté, en parlant des deux opérations majeures menées dans la province du Helmand (Coup de Poignard et Griffe de Panthère, ndlr), où il s’est rendu à deux reprises dernièrement.

Pourtant, les mois de juillet et août ont été particulièrement meurtriers pour les forces américaines et britanniques. Les premières ont perdu au moins 91 hommes au cours de ces derniers semaines, tandis que le seuil des 210 soldats tués depuis 2001 a été franchi pour les secondes.

Sur le plan politique, Richard Holbrooke, qui doit évoquer la question afghane ce 2 septembre à Paris en compagnie d’autres émissaires envoyés dans la région « Af/Pak », a indiqué que « la porte reste ouverte pour le dialogue avec des taliban qui renoncent à al-Qaïda et à la violence » afin d’intégrer le processus démocratique. « J’en ai parlé au président Karzaï et il partage le même point de vue » a-t-il affirmé.

Cependant, même si les deux opérations menées cet été dans la province du Helmand sont présentées comme des succès – c’est également l’avis du général Tim Bradford, le commandant des troupes britanniques dans la région – il n’en reste pas moins que l’opinion du général McChrystal, le patron de l’ISAF et d’Enduring Freedom est plus nuancée. « La situation est grave, mais la réussite est encore possible et requiert une révision de la stratégie, de l’engagement et de la détermination, ainsi qu’une meilleure coordination des efforts » a-t-il déclaré lors de la remise au général Petraeus (nldr : le commandant du Centcom) de son rapport « d’évalution stratégique ».

Par ailleurs, le dossier afghan fait l’objet d’un vif débat à coup d’éditoriaux dans les journaux américains. Ainsi, le maintien des forces américaines en Afghanistan « contribue au ressentiment de la population et met à mal notre capacité à améliorer la sécurité de notre propre pays » a écrit le sénateur Russ Feingold, dans les colonnes de Wall Street Journal. Pour le chroniqueur conservateur du Washington Post George F. Will, « il est temps de sortir d’Afghanistan » car ce conflit « a déjà duré plus longtemps que l’engagement américain dans les deux conflits mondiaux réunis ». L’éditorialiste n’a toutefois pas cité celui du Vietnam (1964-1975) qui, par certains côtés, présente quelques similitudes avec celui dans lequel est engagée l’armée américaine en Afghanistan.

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