Avions-ravitailleurs : Partage de la poire en deux?
Pour l’US Air Force – et le général Duncan McNabb, le responsable l’US Transportation Command, l’a encore affirmé en février dernier – le remplacement des avions de ravitaillement en vol KC-135 est la priorité des priorités. « Tout nouveau retard dans ce marché public représenterait un risque sérieux pour la capacité de l’armée à déployer des troupes et de la puissance de feu rapidement sur un champ de bataille » avait-il affirmé lors d’une audition devant une sous-commmission parlementaire.
Attribué ans un premier temps au KC-767 de Boeing, le marché des « tankers » avait été annulé en 2003 après la découverte d’une affaire de conflits d’intérêts entre Boeing et une employée du Pentagone. L’an passé, l’appel d’offres avaient finalement été remporté par EADS, en collaboration avec Northrop-Grumman, avec le KC-45A, un appareil dérivé de l’A-330.
Seulement, le contrat avait été annulé après le dépôt d’une plainte auprès de Government Account Office (GAO), l’équivalement américain de la Cour des comptes françaises, par Boeing. Depuis, le dossier en était resté là, à cause notamment de la campagne électorale pour désigner le successeur de George W Bush à la Maison Blanche et de la crise financière.
Normalement, Washington devrait lancer un troisième appel d’offres, dont le montant est estimé à 40 milliards de dollars pour 179 appareils. Seulement, même si ce dossier devient plus urgent à chaque jour qui passe, l’administration américaine semble à la fois peu pressée de relancer le dossier peu enthousiaste à l’idée qu’une firme européenne puisse remporter le marché. Ainsi, en mars 2008, Hillary Clinton, actuellement à la tête de la diplomatie américaine, avait manifesté sa « profonde » préoccupation » à l’idée qu’EADS, alors poursuivie à l’OMC par le gouvernement américain en raison des subventions reçues jugées illégales, puisse décrocher le contrat du Pentagone.
Cependant, la crise économique incite à ne pas faire la fine bouche. En effet, dans le cadre de cet appel d’offres, EADS et Northrop-Grumman se sont engagés à investir dans une usine d’assemblage à Mobile, en Alabama, ce qui créerait 1.300 emplois directs. Même chose pour Boeing qui serait en mesure de maintenir sa chaîne de production de B-767 à Everett, dans l’Etat de Washington.
D’où l’idée de la Chambre des représentants, dont la majorité appartient au Parti démocrate dont est issu le président Obama, de partager la commande de tankers en deux entre EADS/Nortrhop-Grumman et Boeing.
Si cette solution peut paraître satisfaisante, il n’est pas certain qu’elle fasse consensus. Car un argument de poids s’y oppose en ces temps où il n’y a pas de petites économies : un tel système rendrait la gestion des avions ravitailleurs plus coûteuse étant donné que l’US Air Force aurait à assurer la maintenance de deux types d’appareils.
Photo : A330 MRTT – KC-45 A (c) Northrop-Grumman