Washington hausse une nouvelle fois le ton contre Moscou

Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, n’est pas allé par quatre chemins pour fustiger l’attitude de la Russie à l’égard de la Georgie. « Le comportement de la Russie ces dernières semaines a remis en question le dialogue que nous avions construit jusqu’ici et a remis en cause nos relations bilatérales en matière de sécurité mais aussi sa relation avec l’OTAN. Considérée comme un partenaire stratégique par les Etats-Unis au lendemain des attentats du 11 septembre et au début de la guerre contre le terrorisme car ayant aussi affaire à des groupes islamistes en Tchétchénie, on pourrait presque croire que la Russie est quasiment redevenue l’ennemie qu’elle représentait du temps de la guerre froide.

Pourtant, cette époque est bel est bien révolue, a estimé le président américain, George W. Bush. « La guerre froide est finie. Les jours des Etats satellites et des sphères d’influence sont derrière nous. Des relations conflictuelles avec la Russe ne sont pas dans l’intérêt des Etats-Unis et des relations conflictuelles avec les Etats-Unis ne sont pas dans l’intérêt de la Russie », a-t-il déclaré.

Cependant, c’est bien une lutte d’influence entre Américains et Russes qui se joue en arrière-plan de la contre-offensive de Moscou contre les troupes géorgiennes en Ossétie du Sud. La Géorgie, du fait sa situation géographique, est une zone stratégique pour le transit des approvisionnements énergétiques, le Caucase étant, de plus, riche en pétrole et en gaz.

De son côté, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleeza Rice, qui a rencontré le président Sarkozy au fort de Bregançon (Var), a défendu vivement Tbilissi. « Je veux être claire. Les Etats-Unis soutiennent fermement l’intégrité territoriale de la Géorgie. C’est un Etat membre des Nations unies dont les frontières sont internationalement reconnues et respectées », a-t-elle ainsi déclaré.

Alors que la Russie n’a pas respecté l’engagement pourtant pris devant Nicolas Sarkozy mardi dernier en ne retirant pas ses troupes de Géorgie, Moscou a justement remis en cause cette intégrité territoriale évoquée par Condoleeza Rice, qualifiée même de « dépassée » par le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Par ailleurs, le président Medvedev a reçu au Kremlin les dirigeants de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, les deux régions séparatistes qui contestent l’autorité de Tbilissi.

Ces derniers en ont profité pour annoncer qu’ils comptaient demander la reconnaissance de leur indépendance, à l’image du Kosovo par rapport à la Serbie, en février dernier. « Non seulement nous soutiendrons toute décision que prendront les peuples d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, mais nous la garantirons à la fois dans le Caucase et à travers le monde », a répondu le président Medvedev, qui y a vu sans doute une manière de rendre la monnaie de leur pièce aux Etats-Unis par rapport à leur politique au Kosovo.

Sur le terrain, les troupes russes n’ont pas quitté Gori, comme il avait été convenu. Les rues de la ville natale de Staline ont même été le théâtre d’exactions commises par des miliciens ossètes et des volontaires cosaques, sous le regard des militaires russes, pourtant censés garantir la sécurité et l’ordre. Des chars ont dans le même temps fait mouvement vers la cité portuaire de Poti. Le général Anatoli Nogovitsyne, le chef d’état-major adjoint de l’armée russe a invoqué des « raisons de sécurité » pour justifier ce déplacement de troupes. En fait, il se pourrait plutôt que l’intention des militaires russes soient de bloquer une éventuelle aide humanitaire américaine qui arriverait par la mer.

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