Vers un élargissement limité de l’Otan

Avec l’effondrement du bloc de l’Est, de nouvelles perspectives se sont offertes à l’Otan. Notamment de 1999 à 2003, l’Alliance atlantique s’est élargie à dix pays de l’ancien Pacte de Varsovie. Pour autant, cet élargissement de l’Otan n’est pas terminé.

En effet, plusieurs pays balkaniques, ainsi que deux anciennes républiques soviétiques souhaiteraient intégrer l’Alliance. Si les candidatures de la Croatie et de l’Albanie ne devraient être retenues lors du prochain sommet de l’Otan en avril prochain à Bucarest, il n’en ira sans doute pas pas de même pour la Macédoine, l’Ukraine et la Géorgie.

La Grèce a menacé de mettre son veto à l’adhésion de l’Ancienne république yougoslave de Macédoine (ARYM) si cette dernière est désignée par le nom officiel de Macédoine. La raison tient à un différend territorial. La Grèce ayant une région appelée également Macédoine, Athènes craint que Skopje en profite pour revendiquer ce territoire. Cette histoire de nom a commencé en 1991. La Grèce s’est même opposée à ce que l’ancienne république yougoslave prenne le nom de « Macédoine » lors de son adhésion aux Nations unies.

« La Grèce soutient la candidature de l’Albanie et de la Croatie », mais « en ce qui concerne l’ancienne république yougoslave de Macédoine, malheureusement, la politique irrédentiste et nationaliste de ce pays ne nous permet pas d’avoir la même position », a affirmé, hier, le ministre des Affaires étrangères grec, Mme Dora Bakaoyannis, à l’issue d’une réunion qui rassemblait ses collègues de l’Alliance à Bruxelles.

Si le secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer, espère trouver une solution à ce blocage d’ici le sommet de Bucarest, la marge de manoeuvre reste réduite. Faire céder la Grèce sur ce point pourrait susciter des réactions nationalistes et aviver un sentiment anti-Otan.

Admis, lors du sommet de Riga en 2006, dans le « partenariat pour la paix » de l’Otan, qui est la première marche avant une éventuelle adhésion, la Serbie, la Bosnie et le Monténégro ont connu des fortunes différentes. Si les deux derniers vont accéder à une nouvelle étape dite de « dialogue intensifié », il n’en ira pas de même pour Belgrade, en froid avec plusieurs pays membres qui ont reconnu l’indépendance du Kosovo, province qui, d’un point de vue historique, est le berceau de la civilisation serbe.

Quant aux deux anciennes républiques soviétiques, l’Ukraine et la Géorgie, elles pourraient en rester à la phase de « dialogue anticipé », celle qui précéde le « Plan d’action en vue de l’adhésion à l’Otan. Il s’agit de ménager la susceptibilité de Moscou qui voit d’un mauvais oeil l’élargissement de l’Alliance vers sa zone d’influence. D’autant plus que les sujets de friction de manquent pas entre l’Otan et la Russie, notamment avec le dossier du Kosovo et celui du projet de défense antimissile américain qui implique l’installation de bases en Pologne et en République Tchèque.

Et puis les tensions séparatistes en Géorgie sont un élement de plus à prendre en compte. L’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, deux régions géorgiennes mais pro-russes revendiquent leur indépendance par rapport à Tbilissi.

L’adhésion à court terme de l’Ukraine et de la Géorgie risquerait donc de rendre les relations entre l’Otan et la Russie encore plus tendues qu’elles ne le sont actuellement.

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