Les derniers militaires français sous commandement national ont quitté la Centrafrique

En ne manifestant pas son opposition à la dérogation demandée par la Russie à l’embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité des Nations unies à la République centrafricaine, en 2017, la France a probablement commis une erreur… Car, depuis, le groupe paramilitaire russe s’est implanté dans le pays [sous le prétexte de former les soldats centrafricains au maniement des armes livrées], ce qui a coïncidé avec le développement d’un discours anti-français, favorisé par la diffusion de bobards et une propagande souvent grossière.

Résultat : les paramilitaires de Wagner sont régulièrement accusés de commettre des exactions contre les populations civiles tout en s’appropriant les ressources du pays… Et la situation sécuritaire ne s’est pas arrangée. En avril dernier, l’État-major des armées [EMA] a même estimé qu’elle s’était dégradée… Ce que les Nations unies ont également constaté.

En 2021, la France avait suspendu sa coopération militaire avec les forces armées centrafricaines [FACA], accusant Bangui de soutenir un sentiment anti-français. Puis, elle annoncé que ses soldats, du moins ceux placés sous commandement national, au sein de la MISLOG-B [Mission Logistique – Bangui], basée au camp M’Poko, se retireraient du pays d’ici la fin de cette année.

Effectivement, ce 15 décembre, l’EMA a annoncé que les derniers militaires français de la MISLOG-B venaient de quitter Bangui à bord d’un avion militaire [un C-130 Hercules], à destination de Paris.

« Cette mission qui mobilisait environ 130 militaires français n’avait plus de justification opérationnelle. Le camp de M’Polo a été rétrocédé en bon ordre aux autorités centrafricaines le 13 décembre. Cette manoeuvre logitique et administrative s’est déroulée en transparence et en liaison constante avec les autorités centrafricaines », tout en étant « coordonnée étroitement avec la MINUSCA [mission des Nations unies, nldr] et EUTM RCA [la mission européenne visant à former les FACa, ndlr], a expliqué l’EMA, via un communiqué.

Et d’ajouter : « Jusqu’à leur départ, les militaires français ont continué de remplir leur mission logistique, mais aussi les actions de soutien à la population centrafricaine, notamment en faveur de la jeunesse ».

Ce départ, qui survient après le retrait de la force Barkhane du Mali, en raison notamment de la présence de Wagner, met un terme à plus de 60 ans de présence militaire en Centrafrique, où les forces française auront mené au moins sept interventions [la première ayant l’opération Caban, en 1979]. En décembre 2013, la France avait lancé l’opération Sangaris, à un moment où Bangui était la proie de combats entre la coalition de la Séléka et les milices d’autodéfense « anti-balaka ».

« C’est avec beaucoup de regrets que nous constatons ce retrait unilatéral », a confié Fidèle Gouandjika, ministre conseiller spécial du président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, à l’AFP. « Aujourd’hui nous avons une armée aguerrie, merci à la France qui l’a formée et équipée pendant 62 ans […] Maintenant nous allons faire avec Wagner », a-t-il conclu.

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