Fonds marins : Un contrat de mise en oeuvre du drone sous-marin A18D a été notifié au profit de la Marine nationale

En octobre 2021, soit quelques semaines avant la publication de la stratégie ministérielle de maîtrise des fonds marins, la Marine nationale avait évalué le drone sous-marin A18D, développé par le français ECA Group [devenu Exail, depuis], depuis le Bâtiment de soutien et d’assistance métropolitaine [BSAM] Rhône, alors en mission dans l’océan Atlantique.

Lors de cette évaluation, qui visait plus précisément à préparer le programme CHOF [capacité hydrographique et océanographique future], le drone A18D mena des missions « variées », comme la cartographie en haute résolution des fonds marins et la reconnaissance d’une épave gisant à 3000 mètres de profondeur. Et le tout dans des conditions difficiles

Visiblement, les performances de l’A18D ont donné pleinement satisfaction à la Marine nationale… puisque la Direction générale de l’armement [DGA] a notifié un contrat de « mise en oeuvre » d’un montant maximal de 3,5 millions d’euros à Exail afin de l’utiliser à nouveau pour plusieurs sorties en mer dès 2023.

Ce marché « s’inscrit dans le cadre de la capacité exploratoire de la stratégie ministérielle de maîtrise des fonds marins » au titre de laquelle la Marine nationale « conduit depuis octobre 2022 plusieurs campagnes de mise en œuvre de drones sous-marins ‘grands fonds' », avance la DGA, en faisant référence à l’opération « Calliope », la première du genre.

Pour rappel, celle-ci a eu lieu dans le golfe de Gascogne, avec le drone sous-marin HUGIN Superior, dans le cadre d’une autre contrat de mis en oeuvre attribué à Kongsberg, pour un montant de 4 millions d’euros. Doté d’un sonar à synthèse d’ouverture [ou d’un sonar à balayage latéral], d’une caméra et d’un échosondeur multifaisceaux, cet appareil est capable d’évoluer à des profondeurs de 6000 mètres.

Comme l’explique la DGA, ces contrats de « mise en oeuvre » visent à affiner le besoin technique et le concept d’emploi de « capacités souveraines d’opération dans les grands fonds marins » devant être développées en « synergie » avec le plan d’investissement France 2030″.

« Il nous faut déterminer dans quel secteur des moyens militaires sont nécessaires. L’objectif est de développer nos cas d’usage avec une bonne compréhension des interfaces entre l’industrie et la marine », avait par ailleurs déclaré l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], lors de sa dernière audition au Sénat.

Et d’ajouter : « Nous devons travailler avec les sociétés spécialistes des câbles sous-marins, comme Orange Marine, leader mondial en la matière, qui dispose de nombreuses compétences s’agissant de la pose, de la réparation et de l’entretien de ces câbles. Nous devons disposer de moyens spécifiques pour observer et interdire les éventuelles actions malveillantes ».

Curieusement, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer [IFREMER], qui dispose pourtant du sous-marin Nautile, capable de descendre jusqu’à 6000 mètres avec trois personnes à bord, n’est jamais cité quand il s’agit d’évoquer la maîtrise des fonds marins… Sauf par le sénateur Philippe Folliot.

« Il semble que l’objectif soit de désarmer le Nautile à partir de 2029. N’est-il pas nécessaire de conserver cet outil dual dual civilo-militaire, pour nous permettre de rester dans les 5 pays au monde capables de descendre à 6000 mètres sous la mer? », a-t-il demandé au CEMM… Une question à laquelle ce dernier n’a pas répondu [du moins, elle ne figure pas dans le compte-rendu].

Photo : A18D © Exail-Balao

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