La Pologne va commander 96 hélicoptères d’attaque américains AH-64E Guardian

Afin de remplacer ses hélicoptères d’attaque Mil Mi-24D/W « Hind » hérités de la période soviétique, le ministère polonais de la Défense lança le programme Kruk [« Corbeau »] en 2014, avec l’intention d’aquérir 32 nouveaux appareils. Un appel d’offres fut lancé en décembre 2020 et cinq industriels y répondirent, dont Boeing [AH-64E Guardian], Bell Helicopters [AH-1Z Viper], Airbus Helicopters [Tigre], Leonardo [AW249] et Turkish Aerospace Industries [T129 Atak].

Après l’offensive russe en Ukraine, Varsovie accéléra la procédure. En avril, le ministre polonais de la Défense, Mariusz Błaszczak, annonça que se marché se jouerait entre les américains Boeing et Bell Helicopters. « Nous sélectionnerons l’offre la plus favorable. Nous voulons que ces appareils soient acquis par les forces armées polonaises dès que possible », avait-il dit.

Des deux appareils retenus, l’AH-64E Apache Guardian paraissait en meilleure position. Au delà de ses capacités, Boeing avait en effet préparé le terrain en signant des accords avec plusieurs filiales du groupe polonais d’armement Polska Grupa Zbrojeniowa [PGZ]. En outre, un choix en sa faveur était de nature à renforcer l’interopérabilité des forces polonaises avec leurs homologues de l’Otan qui en sont également dotés [dont celles des États-Unis et du Royaume-Uni].

Aussi, l’annonce faite le 8 septembre par M. Błaszczak n’aura pas été suprenante. En revanche, la surprise vient du nombre d’appareils que Varsovie envisage de commander. En effet, le ministre polonais a indiqué, via les réseaux sociaux, que la Pologne venait d’adresser une demande aux États-Unis pour acquérir non pas 32 mais 96 AH-64E Apache Guardian. « En plus des hélicoptères, nous obtiendrons également un transfert de technologie », a-t-il précisé.

Si l’on s’en tient aux derniers avis concernant la vente de AH-64E publiés par la Defense Security Cooperation Agency, chargée des exportations d’équipements militaires américains, la valeur d’une telle commande pourrait avoisiner les 12 milliards d’euros [Washington a proposé 29 appareils de ce type à l’Australie pour 3,5 milliards, ndlr].

Via un court communiqué, Boeing s’est félicité de l’annonce de M. Błaszczak. Le choix de Varsovie « renforce les liens militaires entre les États-Unis et la Pologne et va améliorer l’intéropérabilité » au sein de l’Otan, a-t-il fait valoir. Et d’ajouter : « Boeing a établi un important partenariat avec l’industrie polonaise, lequel continuera de se développer à mesure que nous mettrons en oeuvre des efforts de formation et de soutien ».

Avec cette commande, l’armée polonaise sera le deuxième plus grand utilisateur d’AH-64E Apache Guardian au monde, après l’US Army. Et cela alors qu’elle va recevoir 366 chars Abrams [dont 116 d’occasion] ainsi que 180 chars K-2PL Black Panther sud-coréens [avec une option pour en acquérir 400 de plus]. Son artillerie va en outre être significativement renforcée [avec notamment les achats d’obusiers K-9 Thunder et AHS Krab ainsi que la commande, à confirmer, de 500 systèmes d’artillerie M142 HIMARS]. Et c’est sans oublier les efforts de Varsovie pour moderniser ses forces aériennes, avec 32 F-35A et 48 chasseurs légers F/A-50 « Golden Eagle ».

Pour rappel, et selon le projet de budget dévoilé le mois dernier, le gouvernement polonais prévoit de plus que doubler ses dépenses militaires en 2023, celle-ci devant s’élever à 138 milliards de zlotys [environ 29 milliards d’euros].

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