L’Estonie critique les plans de défense prévus par l’Otan pour les pays baltes

À quelques jours du sommet de l’Otan, qui se tiendra à Madrid, l’Estonie cherche visiblement à convaincre ses alliés de lui fournir un soutien militaire accru face à la Russie. Ainsi, le 21 juin, via son ministre de la Défense, Kalle Laanet, le pays balte a affirmé qu’il venait de faire l’objet d’une attaque simulée de missiles menée par les forces russes. Et d’accuser Moscou de se livrer à des « provocations ».

En difficulté sur le plan politique, après la démission des ministres du Parti du Centre de la coalition gouvernementale qu’elle dirige, Kaja Kallas a tiré à boulets rouges contre les plans de défense prévus par l’Otan pour les pays baltes.

En effet, dans les colonnes du Financial Times, la cheffe du gouvermement estonien a affirmé que les « plans de défense actuels de l’Alliance pour les États baltes consistent à les laisser être envahis, avant de les libérer 180 jours plus tard ». Et d’ajouter : « L’Estonie serait rayée de la carte et la vieille ville de Tallinn entièrement détruite ».

« Si l’on compare la taille de l’Ukraine à celle des pays Baltes, cela signifiera la destruction totale de nos pays et de nos cultures », a encore insisté Mme Kallas.

Pourtant, depuis 2017, l’Otan a déployé des groupements tactiques multinationaux dans les pays baltes et en Pologne, dans le cadre d’une « Présence avancée réhaussée » [eFP], laquelle vise à « dissuader » la Russie. Et, depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février, cette posture a encore été renforcée. Mais pas assez aux yeux de la responsable estonienne. « Tout le monde constate que ce dispositif destiné à faire trébucher [l’adversaire] ne fonctionne pas vraiment », a-t-elle estimé.

Cela étant, lors d’une audition au Sénat, en mai 2016, le général Petr Pavel, alors président du comité militaire de l’Otan, avait estimé qu’il fallait au moins « sept divisions dans les États baltes et la Pologne pour éviter une défaite dans la région ». En outre, avait-il continué, « l’Otan est une alliance défensive » qui « s’assurera qu’elle pourra battre la Russie sur notre territoire si elle décide d’intervenir ».

Quoi qu’il en soit, à Madrid, les trois pays baltes feront une proposition commune pour obtenir des troupes supplémentaires ainsi que des centres de commandement permanents. Reste à voir s’ils obtiendront satisfaction… Pour le moment, on sait seulement que l’Allemagne serait prête à déployer une « brigade robuste » en Lituanie.

Reste que les propos de Mme Kallas ont fait polémique… Ainsi, désormais ancienne ministre estonienne des Affaires étrangères, Eva-Maria Liimets, a rétorqué que les plans de l’Otan « ne doivent pas être rendus publics » et que « notre voisin oriental [la Russie, ndlr] peut désormais en tirer des conclusions ». Et d’ajouter : « C’est très grave et soulève des questions non seulement parmi le peuple estonien mais aussi parmi nos alliés ».

Pour autant, la « sortie » de Mme Kallas a plutôt bien été accueillie en Lituanie, qui subit les foudres de Moscou pour avoir restreint le transit de certaines marchandises russes vers l’enclave de Kaliningrad, conformément aux sanctions décidées par l’Union européenne à l’égard de la Russie. Ses propos visaient « à faire monter la température politique », a commenté Laurynas Kasčiunas, présidente de la commission parlementaire lituanienne sur la sécurité nationale et la défense. En outre, rapporte le portail d’informations Err.ee, les responsables lituaniens et estoniens sont d’accord pour dire que les plans de l’Otan « doivent être mis à jour ».

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