Paris dément la capture de deux CAESAr par les forces russes en Ukraine
Selon le renseignement en sources ouvertes, plusieurs équipements militaires fournis par les Occidentaux à l’Ukraine ont été détruits ou capturés par les forces russes. Cela a par exemple été le cas de blindés, d’obusiers M777 ou encore de missiles antichars MILAN. Des Camions équipés d’un système d’artillerie [CAESAr] livrés à Kiev par la France ont-ils subi un tel sort?
En tout cas, c’est ce qu’a affirmé l’avocat Régis de Castelnau, via Twitter, le 20 juin. « Encore une réussite de Macron : 2 canons Caesar français ont été interceptés intacts par les russes. Ils sont actuellement dans l’usine Uralvagonzavod dans l’Oural pour étude et rétro ingénerie éventuelle. Merci Macron, c’est nous qu’on paye », a-t-il en effet affirmé. Son message a été partagé plus de 5’000 fois.
Encore une réussite de Macron : 2 canons Caesar français ont été interceptés intacts par les russes. Ils sont actuellement dans l'usine Uralvagonzavod dans l'Oural pour étude et rétro ingénerie éventuelle.
Merci Macron, c’est nous qu’on paye. 🙄🙄🙄 pic.twitter.com/0zkEeWJIXN— Régis de Castelnau (@R_DeCastelnau) June 20, 2022
Seulement, aucun des rapports publiés quotidiennement par le ministère russe de la Défense concernant ses opérations en Ukraine n’avait alors fait état de la capture de deux CAESAr. Celle-ci n’aura été évoquée par la presse russe que trois jours après la publication du « tweet » de Me de Castelnau.
En effet, le 23 juin, et via son site Internet, la chaîne de télévision des forces russes, Zvezda, s’est fait l’écho d’un message diffusé par Uralvagonzavod, via le réseau Telegram, pour demander « à monsieur Régis de transmettre [sa] gratitude au président Macron pour les canons automoteurs ». Et, laissant entendre qu’ils « ne valaient pas » les Msta-S qu’elle produit, l’entreprise a indiqué qu’elle allait les étudier.
Par la suite, ce message d’Uralvagonzavod a été repris par la presse russe, qui n’a visiblement pas cherché à en savoir plus… hormis le site Lenta.ru, qui a interrogé l’analyste militaire Dmitri Litovkin.
Celui-ci n’a pas apporté d’éléments nouveaux, si ce n’est qu’il a explique ces deux CAESAr présumés capturés permettraient aux ingénieurs russes « d’avoir une idée de ce que fait la concurrence » et d’améliorer ainsi les pièces d’artilleries produites par Uralvagonzavod.
De son côté, l’avocat français est revenu à la charge, en commentant le message de l’industriel russe, y décelant une confirmation de ses propos. « Effectivement, mon info apparaît fondée. Mais qu’est que j’ai entendu. Je renvoie tous ceux qui m’ont demandé ma source à s’adresser à l’entreprise russe. Bon, on attend quelque chose du côté français. Démenti ou confirmation », a-t-il réagi.
Il aurait simple pour Uralvagonzavod de publier une photographie de ces deux CAESAr présumés capturés… Or, l’industriel russe n’en a rien fait. Pas plus que le ministère russe de la Défense. Ce qui est surprenant pour un tel « trophée »…
Le 23 juin au soir, sollicité par le quotidien L’Indépendant, l’État-major des armées [EMA] a répondu qu' »aucun élément ne permet de confirmer ces informations qui semblent très peu vraisemblables, voire invraisembables ». Et d’ajouter : « Les Russes
sont les spécialistes de la désinformation et de la manipulation de l’information. […] Il faut replacer ça dans le contexte actuel de lutte informationnelle, avec de nombreuses fausses informations colportées notamment sur les réseaux sociaux. »
Quelques heures plus tard, l’estimation de l’EMA est restée inchangée, d’autant plus que, rapporte La Croix, des « vérifications avec les autorités ukrainiennes » ont « prouvé qu’aucun canon Caesar n’est porté disparu. »
Photo : Archive