Décès du lieutenant Philippe Akar, l’un des derniers parachutistes SAS de la France Libre

Il était l’un des derniers acteurs de l’épopée des SAS français durant la Seconde Guerre Mondiale. Le lieutenant Philippe Akar s’est éteint, la semaine passée, alors qu’il venait de fêter son 103e anniversaire.

Né le 14 janvier 1919 à Paris, Philippe Akar est mobilisé à l’âge de 20 ans, à une époque où l’on parlait encore de la « drôle de guerre ». Cet ancien élève ingénieur de l’École des Mines est alors marqué par la débâcle de l’armée française en mai-juin 1940.

Affecté dans un « chantier de la jeunesse française », une institution paramilitaire créé par le régime de Vichy, Philippe Akar ne songe qu’à reprendre les armes contre l’occupant. Jeune père de famille, il franchit le pas en novembre 1942, après l’invasion de la « zone libre » par l’armée allemande. Ayant la ferme intention de s’engager au sein des forces françaises libres [FFL], il décide de rallier Londres via Gibraltar. Seulement, il est arrêté en Espagne, où il est d’abord incarcéré à la prison de Pampelune, puis au camp de Miranda.

Finalement, le jeune homme parvient à ses fins. Et, le 16 juin 1943, il s’engage dans les FFL et choisit de servir en tant que parachutiste. Breveté à Ringway en août, il est affecté au 3e Bataillon d’Infanterie de l’Air [BIA], c’est à dire au 3e SAS [Special Air Service], qui deviendra plus tard le 3e Régiment de chasseurs parachutistes [RCP]. Cette unité est alors commandée par le commandant Pierre Château-Jobert [alias « Conan »].

Promu sous-lieutenant, Philippe Akar se voit confier la tâche de former ses camarades au sabotage par explosifs, un domaine qu’il maîtrise de par sa formation à l’École des Mines. Puis vient le moment d’en découdre enfin… Initialement, la mission de son « stick » était en lien avec le Débarquement en Provence, prévu le 15 août 1944. Mais un contre-ordre de dernière minute l’enverra en Saône-et-Loire, avec la consigne de saboter toutes les voies de communications empruntées par les forces allemandes.

« Le voyage a été paisible, sauf quelques minutes pendant lesquelles l’avion a virevolté au milieu des éclats des obus de la Flak, la défense antiaérienne allemande », racontera Philippe Akar au quotidien La Croix. Le premier contact avec le sol de France depuis son départ est rude. Comme il le dira, il s’est « démoli le portrait »… ainsi que six vertèbres. Mais cela ne l’empêche pas de mener à bien sa mission, et de prendre part à la libération de Monceaux-les-Mines et à celle de Montchanin. En outre, rappelle la préfecture de Saône-et-Loire, il aura également contribué à la « préservation des équipements industriels du bassin minier ».

Après un nouveau séjour en Écosse pour y former des recrues fraîchement arrivées au 3e SAS, le jeune officier s’apprête à se battre aux Pays-Bas, en participant à l’opération Amherst. Il en gardera un souvenir amer… puisqu’il sera fait prisonnier par des parachutistes allemands.

« Notre stick a décollé de la base de Shepherds Grove et la compagnie de commandement à laquelle j’appartenais avait reçu la mission d’opérer de part et d’autre de la route d’Hoogeveen et du canal d’Orange. Les hommes ont bien été largués à l’endroit prévu, près de Beilen, mais nous sommes tombés entre un canal et la route de Spier. Tout le stick a été dispersé, un des nôtres s’est noyé et nous nous sommes retrouvés dans l’incapacité de nous regrouper », confiera-t-il au Figaro Magazine. C’est ainsi qu’il sera capturé, après une nuit passée dans une eau glacée.

Après la guerre, Philippe Akar entamera une carrière d’ingénieur dans l’industrie, tout en restant très actif pour faire vivre le devoir de mémoire, notamment en oeuvrant pendant plus de trente ans en tant que vice-président national de l’Amicale Française des Parachutistes SAS. Il écrira également ses mémoires [Parachutistes au 3e SAS, ma guerre 1939-1945].

Le lieutenant Akar était grand officier de la Légion d’honneur et titulaire de la croix de guerre 1939-45 avec palmes, de la croix du combattant volontaire, de la croix du combattant volontaire de la résistance, de la médaille des évadés, de la croix du combattant et de la médaille de l’internement pour faits de résistance.

Lors de l’un des ses derniers entretiens, Philippe Akar avait fait l’éloge de l’engagement. « Aujourd’hui, beaucoup de jeunes ont peur de s’engager. Je veux leur dire qu’il ne faut pas avoir peur. L’engagement, c’est ce qui porte une vie », avait-il dit.

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