La crise de l’habillement au sein des Armées est en train de se résorber selon le SCA

Uniformes non conformes, effets défectueux et/ou de mauvaise qualité, ruptures de stock… Ces dernières années, l’habillement a cristallisé le mécontement au sein des armées.

« Trop de ruptures de stock et impossibilité de fournir un paquetage complet aux jeunes engagés sont monnaies courantes. Ce n’est pas acceptable et ça dure depuis le début de la réforme des soutiens. […] Ça pourrait être anecdotique mais ça ne l’est pas », avait ainsi résumé un représentant de l’APNM « Air » [Association professionnelle nationale de militaires, ndlr], lors d’une audition parlementaire, en octobre 2018.

Et, cette année-là, le taux de rupture des stocks dans la distribution des effets militaires par les ELoCA [Établissements logistiques du Commissariat des armées] avait dépassé les 11%, dont 12,5% pour l’armée de Terre, 10,3% pour la Marine nationale et 11,6% pour l’armée de l’Air & de l’Espace.

Cela étant, la situation s’est significativement améliorée l’année suivante, le même taux ayant été réduit à un peu plus de 4%, alors même que la modernisation du soutien en matière d’habillement n’en était encore qu’à ses balbutiements.

En effet, ce n’est qu’en novembre 2019 qu’a été inauguré, à Châtres, l’ELoCA de nouvelle génération, avec un nouvel entrepôt de 36.000 m2, entièrement numérisé et pouvant stocker jusqu’à 50.000 palettes d’effets militaires, que le projet « E-HABILLEMENT », reposant sur les pratiques du commerce électronique, a été lancé. Sans oublier la mise en place par le Service du commissariat des armées [SCA] des espaces ATLAS au sein des unités. Ces derniers proposent plusieurs prestations en matière d’habillement, comme la prise de mesure, l’essayage ou encore le retrait des colis.

Seulement, il faut du temps pour que cette modernisation produise ses effets. Dans sa dernière revue, publiée en février 2021, le Haut Comité d’évaluation de la condition militaire [HCECM] a en effet relevé que l’insatisfaction « des soutenus dans le domaine de l’habillement » était encore importante. Et cela, malgré la diminution du nombre de ruptures de stocks ».

« Ce domaine est la première préoccupation des formations soutenues avec une insatisfaction encore importante, au sein des trois armées et notamment de l’armée de l’Air [& de l’Espace] », souligne le HCECM dans ce document. Et d’ajouter que les « principaux reproches exprimés portent dans les trois armées sur la qualité perfectible de
nombreux effets [tenues de protection de base de la marine] et sur les trop fortes restrictions quantitatives sur de nombreux articles. »

En outre, en 2019, la Marine nationale déplorait encore un « problème de qualité de certains articles qui peut mettre en péril la sécurité du personnel [chaussures spécifiques].

A priori, la modernisation de la filière habillement commence à porter ses fruits, à en juger par la dernière enquête de satisfaction évoquée par le SCA dans le dernier numéro de sa revue « Soutenir ».

Ainsi, le taux de satisfaction au sein de l’armée de l’Air & de l’Espace a augmenté de 33 points, pour s’établir à 63%, rattrapant ainsi celui de la Marine nationale [69%, soit + 11 points]. La hausse est aussi sensible pour l’armée de Terre [+22 points, avec 72% de satisfaits].

Pour le SCA, ces résultats s’expliquent par la consolidation d’une filière « délivrant un service à la hauteur des soutenus ». Ainsi, « 98% des incorporés » sont désormais « totalement équipés en moins de 2 semaines », 96% des approvisionnements sont sécurisés et le portail e-Habillement tient ses promesses [84% des utilisateurs satisfaits]. En outre, il précise également que de « meilleurs approvisionnements, permis notamment par la montée en puissance de l’ELoCA de Châtres de dernière génération, » ont réduit le taux de rupture de stock à moins de 2%. Les délais de réception des effets sont maintenant inférieurs, en moyenne, à 10 jours.

« L’entrée en vigueur de nouveaux marchés de prestations au 1er février 2021 permettra d’améliorer les délais de confection des tenues. Délais de confection : 28 jours », ajoute encore le SCA. Reste à voir si la qualité des effets sera au rendez-vous. « On va contrôler systématiquement les appels d’offre, pour sélectionner des fournisseurs capables de répondre à des cahiers des charges très spécifiques, notamment en termes de qualité et tout le long des marchés passés », assure-t-on au laboratoire du commissariat [LABOCA] d’Angers.

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