La réparation du sous-marin « La Perle » fait courir un « risque calendaire » pour le programme Barracuda

Le 22 octobre, la ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé que le sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] « La Perle », gravement endommagé par un incendie au niveau de sa proue quatre mois plus tôt lors d’un arrêt technique majeur à Toulon, allait être finalement réparé à Cherbourg.

« Nous pouvons réparer la Perle et nous allons la réparer. Je dis en premier lieu ‘nous pouvons’ car le chemin qui s’ouvre devant nous est long et ardu. Cette décision ne sous-estime aucune difficulté. Elle affirme une ambition et la confiance en notre ressource et nos capacités collectives. Elle sera réévaluée à chaque étape de la réparation, à l’aune des expertises et de nos exigences sur lesquelles nous ne transigerons pas », avait alors expliqué Mme Parly.

Le chantier consistera à remplacer la proue de La Perle par celle du Saphir, désarmé l’an passé et en attente d’être démantelé. « Nous reconnecterons par la suite les liaisons intérieures, les câbles et les tuyaux. La Perle achèvera ensuite son entretien majeur au point où il avait été interrompu, le 12 juin dernier », avait précisé la ministre.

Un « chemin long et ardu », donc. Et avec une contrainte de temps. Lors de sa première audition au Sénat en sa qualité de chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Pierre Vandier a indiqué que deux autres options avaient été étudiées, à savoir « prolonger chacun des quatre sous-marins [de la classe Rubis] restants ou réaliser un entretien majeur du sous-marin ‘Emeraude' ».

Seulement, et alors que la tête de série de la nouvelle génération de SNA « Barracuda », le Suffren, allait être livrée à la Marine nationale, ces deux solutions n’étaient pas satisfaisante d’un point de vue opérationnel.

« Dans la décision de la ministre, le besoin opérationnel a été parfaitement pris en compte afin de maintenir cinq SNA en ligne, tout au long de la décennie, nombre minimal nécessaire pour tenir le contrat opérationnel tant qu’il n’y a pas d’entretien majeur à conduire », a souligné l’amiral Vandier. Par conséquent, afin de pouvoir « assurer un soutien permanent à la force océanique stratégique en Atlantique », « être en permanence en mesure de répondre aux sollicitations en Méditerranée » et « employer un sous-marin pour d’autres opérations », la seule solution pour ne pas baisser la garde passait donc par la réparation de la « Perle ».

Mais cette décision porte un risque pour la bonne marche du programme Barracuda, le second de la série, le « Duguay-Trouin » étant en construction à Cherbourg.

« Le risque que fait porter cette opération sur le programme ‘Barracuda’ est d’ordre calendaire. L’industriel nous garantit sa capacité à réaliser la soudure entre la partie avant du ‘Saphir’ et l’arrière de ‘La Perle’, avant que le ‘Duguay-Trouin’ qui est actuellement en phase de construction, n’ait besoin du dispositif de mise à l’eau de Cherbourg à l’été 2021 », a indiqué le CEMM.

Aussi, étant donné que « La Perle » doit arriver à Cherbourg « normalement en décembre », Naval Group n’aura que six mois pour mener à bien la réparation. Autant dire qu’il n’y aura pas de temps à perdre… « Le deuxième enjeu calendaire se posera au retour de la coque à Toulon pour la fin des travaux de réparation. Ces derniers devant se faire dans un bassin dont la refonte est prévue dans le cadre de la rénovation des infrastructures nucléaires de Toulon », a également indiqué l’amiral Vandier.

Par ailleurs, le CEMM a précisé que Naval Group était assuré « à hauteur de 50 millions d’euros » au moment de l’incendie de « La Perle » à Toulon. « La facture pour l’Etat s’élève à 60 millions d’euros et inclut la réparation de la « Perle » et la prolongation du [SNA] ‘Rubis' », a-t-il détaillé. « Rapporté au budget global de la Défense, ce coût ne représente donc pas un choc financier majeur », a-t-il estimé.

À noter que pour remédier aux retards du programme Barracuda, en 2016, la Marine nationale avait déjà été contrainte de faire jouer les prolongations au SNA Rubis, alors qu’il aurait dû rejoindre Cherbourg l’année suivante pour y être désarmé, après 34 ans de service.

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