L’US Navy lance le programme « Next Generation Air Dominance » pour remplacer ses F/A-18 Super Hornet

Contrairement à l’US Air Force et à l’US Marine Corps, la marine américaine n’a jamais eu l’intention de faire de l’avion de combat de 5e génération F-35 l’épine dorsale de son aviation embarquée, ce rôle devant revenir au F/A-18 Super Hornet, ainsi qu’à la version « guerre électronique » de ce dernier, à savoir l’E/A-18 Growler.

Selon les plans actuels, au total, l’US Navy compte en effet commander 273 F-35C auprès de Lockheed-Martin. Seulement, la question du remplacement des F/A-18 et des E/A-18 finira par se poser tôt ou tard. D’où la mise en place d’une structure qui aura à définir ce que sera son prochain avion de combat, qui serait de sixième génération. C’est en effet ce qu’a annoncé, la semaine passée, James Geurts, le secrétaire adjoint à la marine chargé de la recherche, du développement et des acquisitions.

Ainsi, le Naval Air Systems Command [NAVAIR], rapporte USNI News, vient de créer un bureau qui supervisera le programme Next Generation Air Dominance [NGAD], autrefois appelé programme F/A-XX.

Cela étant, des études sur l’avenir de l’aviation de combat ont d’ores et déjà été conduites durant ces dernières années. La DARPA, l’agence de recherche du Pentagone, a ainsi conduit le programme « Air Dominance Initiative », avec l’objectif d’identifier les technologies susceptibles d’être utiles pour une nouvelle génération de chasseurs-bombardiers.

En outre, aussi bien Lockheed-Martin que Boeing ou Northrop Grumman ont également eu l’occasion de développer leur vision de ce que pourrait être un avion de combat de 6e génération… Mais sans forcément être en phase avec les besoins susceptibles d’être exprimés par l’aéronavale américaine ou l’US Air Force.

En 2016, Northrop Grumman avait estimé que, pour un tel appareil, la vitesse et la maniabilité ne seraient pas des facteurs déterminants, contrairement au rayon d’action, à l’autonomie, à l’informatique embarquée et la furtitivité. Et d’avancer que la présence à bord d’un équipage ne serait pas forcément nécessaire. « Gardez-vous l’homme ou la femme dans l’avion ou gardez-vous l’homme ou la femme dans la mission? », avait en effet demandé Tom Vice, alors responsable de la branche aéronautique du groupe.

Quoi qu’il en soit, l’US Navy n’a rien dit sur les capacités qu’elle attend du successeur du F/A-18 Super Hornet, si ce n’est que ce sera un appareil de 6e génération. En clair, cela signifie qu’il sera au centre d’un « système de systèmes », c’est à dire qu’il aura la capacité d’évoluer aux côtés d’effecteurs déportés, de drones et d’autres plateformes au sein d’un « cloud de combat ».

Une autre certitude est que cet avion issu du programme NGAD aura une autonomie plus importante que les actuels F/A-18 Super Hornet et F-35C… afin de maintenir le porte-avions qui le mettre en oeuvre au-delà de la portée des armes anti-navire. Il est question d’un rayon d’action 50% supérieur.

Autre élément qui semble acquis : l’US Navy veut un avion avec un équipage à bord et qui ne soit pas le dérivé d’un appareil qui existe déjà, l’idée étant de développer un chasseur-bombardier correspondant exactement à ses besoins.

Cependant, selon l’analyste Bryan Clark, chercheur à l’Hudson Institute, ce F/A-XX pour intégrer de nombreuses capacités du F-35C, mais avec une technologie mise à jour et une portée plus grande. « L’idée serait de faire progresser ces mêmes capacités et de les intégrer dans une architecture conçue autour d’un modèle du 21e siècle. Vous obtiendrez ainsi une fusion et une intégration plus fluides de tous les capteurs, de meilleures façons d’interagir avec le pilote et une plus grande intégration des opérations autonomes », a-t-il confié à USNI News.

De son côté, s’appuyant sur une étude publiée en 2018 par le Center for Strategic and Budgetary Assessments [CSBA], un centre de réflexion basé à Washington, Forbes pense que le futur appareil embarqué de l’US Navy devrait être « capable d’intercepter des avions ou des missiles de croisière ennemis et de les engager avec des missiles air-air ou des armes à énergie dirigée ». Et de l’imaginer « rapide et maniable », doté de contre-mesures, étant attendu que la furtivité ne sera pas forcément un élément déterminant en raison de l’évolution des radars et des capteurs passifs fonctionnant en en réseau.

« Si l’US Navy suit les conseils du CSBA, écrit Forbes, son futur F/A-XX pourrait être très différent du F/A-18 non furtif à courte portée et du F-35 furtif à courte portée. En effet, un chasseur de nouvelle génération rapide, aux longues jambes et raisonnablement maniable pourrait finir par ressembler beaucoup au dernier chasseur rapide, aux longues jambes et raisonnablement maniable » [de l’aéronavale américaine]. Nous parlons, bien sûr, du légendaire F-14. »

Reste que le coût d’un tel programme s’annonce faramineux. Selon un étude publiée récemment par le Congressional Budget Office, il en coûterait 67 milliards de dollars pour remplacer les F/A-18 Super Hornet entre 2032 et 2050 et 22 milliards pour en faire de même avec les E/A-18 Growler. Et cela, alors que l’US Navy espère que son prochain avion embarqué sera rapidement mis au point.

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